D
ans la campagne japonaise féodale, Onyomaru est un jeune garçon dynamique, irrévérencieux mais surtout amoureux de la douce Mikuzu. La jeune fille tente de survivre après la disgrâce de son père, devenu rônin (samouraï sans maître) suite à un accident. Mais l’amour de ce couple est rapidement contrarié par l’apparition d’une démone millénaire, bien décidée à utiliser le corps de Mikuzu pour prendre le pouvoir dans le pays…
Akihiro Yamada est illustrateur avant tout. Renommé pour ses splendides images accompagnant des œuvres de renom (notamment Juuni Kokuki, plus connu en France sous le titre des Douze Royaumes), il s’est aussi essayé au manga, avec une adaptation des Chroniques de la Guerre de Lodoss, et cette série Beast of East.
Mélangeant avec une fougue et un dynamisme éreintant une foule de styles, Yamada se perd parfois dans une histoire confuse et ambiguë. Entre mythologie, fantastique, manipulations politiques et romance aventureuse, Beast of East est un melting-pot parfois indigeste, mais si généreux qu’il en fait oublier ses lacunes narratives. L’on peut noter deux périodes bien distinctes, scindées chacune en un volume. La première raconte l’adolescence de ce drôle de couple, baignant dans les habituels complots de la cour impériale, jusqu’à la rencontre et l’avènement de Dakki, la renarde démoniaque. La seconde fait un saut de quatre années, et le lecteur retrouve Onyomaru en responsable d'un établissement de distractions, mais aussi en chef d’une bande de voleurs hétéroclite, comprenant une splendide femme lynx, un scientifique vampire immortel, un guerrier à la puissance effroyable, et un corbeau magicien, ennemi millénaire de la démone. Cette alternance entre une romance ampoulée et de pures séquences d’actions et d’aventures est salvateur, et évite à l’histoire de stagner dans un genre parfois ennuyeux.
Le graphisme, de son côté, est conséquent, et ne fait montre d’aucune faiblesse. Yamada est un maître imagier, et ses planches sont parfois saisissantes de beauté. Clairement inspiré des plus belles estampes japonaises, l’auteur fait exploser son talent sur toutes ses pages. Malheureusement, son encrage extrêmement tonique et sa mise en page chargée perdent parfois le lecteur dans un tourbillon de traits qui n’aide pas à la compréhension d’une histoire déjà bien alambiquée. Néanmoins, de la même manière que pour son adaptation de Lodoss, il est évident que de nombreuses personnes ne liront ce récit que pour la splendeur du dessin.
Cette saga est donc un véritable casse-tête, et épuise le lecteur qui étouffe parfois sous les références et sous une narration brouillonne. En attendant de pouvoir lire le troisième volume, sorti il y a quelques semaines au Japon…