Le 01/07/2023 à 13:06:32
Sean Murphy, ici auteur complet, signe un véritable récital avec ce "Batman White Knight" . Son travail n'est plus à présenter, un coup de crayon qui est une de mes références quand je pense au mot "Comics", et une écriture qui tire du côté du roman social, de la satire . Avec un joker guérit de sa folie, représenté en tant que fin stratége et parfait populiste, un Batman décrié par la population de Gotham pour ses interventions destructrices et sa violence expansive, un rôle clé et une psychologie travaillée pour des personnages habituellement secondaires ou encore ses nombreuses références (parfois discrètes et fondues dans le décors) aux différents Batman parus précédemment en comics ou au cinéma, Sean Murphy régale . Mention spéciale pour les batmobiles, jamais aussi bien dessinées qu'ici . J'émets simplement une réserve sur le dernier chapitre qui perd malheureusement tout son réalisme et sa profondeur , laissant place à ce qui se fait de plus classique dans le comics de super héros : l'extravagance . Ce qui eu pour effet de me sortir un petit peu du scénario . Heureusement, le dénouement est parfaitement bien géré, revenant sur un fond plus mature et laissant une fin ouverte pour le prochain épisode .Le 05/12/2021 à 19:43:59
Batman White Knight est oeuvre écrite et dessinée par Sean Murphy se déroulant sur une terre parallèle (récit hors continuité DC Comics). Suite aux nombreuses critiques positives, j'avais hâte de débuter la lecture. Dès les premières pages, j'ai été impressionné par la patte graphique de Sean Murphy. Dans un second temps, j'ai été agréablement surpris par la qualité des dialogues notamment en ce qui concerne le développement des relations entre les protagonistes. Tous les personnages sont particulièrement réussis et le scénario nous sort des sentiers battus si souvent exploités dans les comics Batman. Le concept de base est intéressant et attire immédiatement l'intérêt du lecteur. Le seul petit bémol et ce qui me concerne c'est le côté un peu exagéré de certaines scènes qui m'ont parfois sorti du côté réaliste que j'affectionne tout particulièrement. J'ai hâte de lire la suite dont j'ai également entendu le plus grand bien. Je recommande ce récit à tout le monde et en particulier à ceux qui ne veulent pas se prendre la tête avec la continuité.Le 01/01/2020 à 10:50:41
comme beaucoup a été écrit, je vais juste insister sur 3 points : -Le dessin est vachement bien ; c'est du Murphy au meilleur de sa forme, et très bien colorié (ce qui n'était pas forcément le cas auparavant). -Ca s'appelle "Batman", mais c'est centré sur le Joker, alors c'est son nom qui aurait du figurer. Et ça, c'est un peu dommage. -La fin quitte un peu le réalisme des débuts, pour entrer dans un délire que l'on retrouve dans pas mal d'adaptations au cinéma de comics. Ca gache un peu cette fin, me concernant. Je recommande quand même, bien sur, d'autant qu'une suite est publiée, avec la même équipe, devant le succès énorme et mérité. Et c'est tellement mieux que ces suites du "dark knight returns" qui m'a toujours barbé.Le 08/12/2019 à 18:11:12
Après "Off Road" et "Punk Rock Jesus", voici le dernier travail en date de Sean G. Murphy en tant qu’auteur complet, un récit qui inaugure en VF la collection DC Black Label. Et en un mot, le scénario est intelligent et le dessin sublime (Batman: White Knight 2017, #1-8). La première chose qui frappe en débutant la lecture de cette histoire, c’est le réalisme de son contexte. On a déjà lu tellement d’histoires dans lesquelles les personnages se contentent de jouer leurs rôles de super-héros contre super-vilains que l’on se doit de souligner celle-ci qui sort du lot par son intelligence et sa subtilité. Son environnement est en effet très actuel, il ferait presque l’actualité s’il ne se déroulait pas à Gotham. Si la trame de fond de ce White Knight est l’irresponsabilité de Batman dans sa lutte contre le crime, d’autres sujets s’y raccrochent telles les limites du vigilantisme, les violences policières, les inégalités sociales, la représentativité des laissés-pour-compte ou encore la corruption. En somme, des sujets conférant une tonalité politique que l’on a peu l’habitude de rencontrer dans un comics, qui plus un comics de super-héros. Au-delà du contexte, le scénario est lui aussi très bon. L’idée de base tient en l’inversion des rôles de Batman et du Joker, le premier sombrant dans la violence tandis que le second est guéri de sa folie. La relation d’amour et de haine entre les deux personnages est très bien comprise et retranscrite par Murphy, leurs échanges sont honnêtes et posés et l’on en aurait bien repris pour un ou deux épisode(s) supplémentaire(s) afin d’approfondir les accusations et retrouvailles de part et d’autre. Le divertissement n’est bien sûr pas oublié et l’on retrouve la passion de l’auteur pour les voitures et les courses-poursuites. Enfin, entre la Bat-family, Harley Quinn, Clayface et consorts, l’Histoire de Gotham et les références cinématographiques à gogo – à la série animée des années 90 notamment –, les fans de l’univers de Batman seront ravis. Je n’ai finalement que deux reproches à faire à cette histoire. D’une part, sa fin qui nous ramène au statu quo initial. D’autre part, profitant de cette rare opportunité de réaliser en solo une mini-série sur Batman, l’auteur parait y a mis toutes ses idées et tous ses personnages favoris. A tel point que l’ensemble apparait par moments surchargé (une impression toutefois minorée par les couleurs de Matt Hollingsworth). Une suite est prévue – Batman: Curse of the White Knight, toujours en cours de publication en VO –, puisse-t-elle être moins exubérante. Un mot sur l’édition française : les huit épisodes sont réunis en un unique volume au format Deluxe avec quelques bonus en fin d’ouvrage ; même la très belle édition en noir et blanc, au format un peu plus grand et au papier un peu épais, est proposée à un prix raisonnable (29€). Un travail de qualité dont l’éditeur concurrent ferait bien de s’inspirer.Le 22/11/2018 à 14:15:25
A album exceptionnel travail éditorial aux petits oignons avec un nouveau bandeau pour la collection Black Label de DC (à l'origine destiné à publier des ouvrages matures selon les critères américains mais que l'affaire du Bat-zizi a montré comme aussi puritain que les autres comics...) et trois superbes couvertures pour l'édition couleur, la N&B et la spéciale FNAC. Un gros cahier graphique montrant les recherches de design affolantes de maîtrise (notamment pour la batmobile!!!!) en fin d'album et bien sur les couvertures originales des huit épisodes. On aurait voulu en avoir plus mais cela n'aurait pas été raisonnable... Suite à une énième poursuite avec Batman, le Joker voit sa personnalité originale de Jack Napier prendre résolument le dessus sur son identité pathologique. Décidé à démontrer la violence et la folie de Batman, il se présente comme le héraut du peuple contre les élites corrompues de Gotham et la radicalité hors des lois du chevalier noir commence à ne plus être acceptée... Il est toujours difficile de commencer une BD aussi attendue tant l'on craint d'être déçu. J'ai découvert Sean Murphy tardivement, sur l'exceptionnel Tokyo Ghost et autant apprécié la minutie de son trait que son côté bordélique. Les premier visuels du projet White Knight publiés l'an dernier m'ont scotché autant que le concept (j'ai toujours préféré les histoires de super-héros one-shot ou uchroniques (type Red Son) et depuis je suis Impatience... Une fois refermé cet album au format idéal (histoire conclue en huit parties avec une possibilité de prolongation... déjà confirmée avec Curse of the White Knight) l'on sent que l'on vient de lire un classique immédiat! C'est bien simple, tout est réussi dans ce projet, des dessins aux personnages en passant par la cerise sur le gâteau: l'insertion de Gotham dans l'actualité immédiate avec le dégagisme et la lutte contre les 1%. Ce dernier élément pose la référence avec le Dark Knight de Miller et Watchmen, deux monuments qui assumaient un message politique et proposaient une véritable vision d'auteur de personnages iconiques dans les années 80. On est ici dans la même veine et très sincèrement il est rare, des deux côtés de l'atlantique, de voir un projet aussi ambitieux et abouti. Sur la partie graphique on retrouve quelques tics de Murphy comme ces sortes de bottes-porte-jarretelles de Batman (que l'on trouvait dans Tokyo Ghost), la fille qui sauve un héros brutal et torturé ou les références à d'autres œuvres à droite à gauche. Murphy est un fan de toute éternité du Dark Knight et l'on sent dans le Joker, présenté dans la BD comme le premier fan de Batman et dont la chambre est peuplée de jouets à effigie du héros, son alter-ego de papier. Au travers des différentes Batmobiles l'auteur rappelle la généalogie majeure de Batman, de la série des années 60 au film de Tim Burton et à ceux de Nolan. Ce sont surtout des références cinéma qui pointent et aucune allusion à la série de Snyder Capullo n'est faite, la seule attache aux BD de Batman est sur le meurtre de Robin dans le Deuil dans la famille. Le nombre d'éléments que nous propose Sean Murphy est assez impressionnant, outre ces multiples références subtiles il utilise les passages obligés du Batverse à savoir les méchants, l'arme fatale, Gotham comme personnage à part entière et ses secrets, l'ombre de Thomas Wayne et la relation avec Gordon... Tous les dialogues sont intéressants, permettent de développer une nouvelle thématique et rarement des personnages de comics auront été aussi travaillés. Jusqu'à la conclusion dans une grosse scène d'action tous azimuts comme Murphy en a le secret le scénario est maîtrisé et nous laisse stoïques avec l'envie de reprendre immédiatement la lecture. Avec le dessin (la batmobile est la plus réussie de l'histoire de Batman!) l'inversion des rôles est un apport majeur à la bibliographie du super-héros. Outre de renouveler l'intérêt avec, me semble-t'il, une grande première que de présenter le Joker comme le gentil, cela permet de creuser très profond dans la psychologie et les motivations des deux personnages que sont Batman et le Joker et brisant le vernis manichéen qui recouvre l’œuvre depuis des décennies. Le Dark Knight de Frank Miller était un Vigilante bien dans l'ère du temps n'intéressait finalement moins l'auteur que son environnement socio-politique. Dans White Knight, les deux faces intéressent l'auteur et il est passionnant de voir défiler des réflexions qui sonnent toutes justes, qu'elles viennent de Nightwing, de Gordon, Napier ou Harley. Batman est finalement le moins présent dans l'intrigue et pour une fois n'est pas celui "qui a lu le scénar", schéma souvent agaçant. D'une subtilité rare, White Knight sonne comme une œuvre de très grande maturité scénaristique autant qu'un magnifique bijou graphique à la gloire de toute cette mythologie. Sortie la même année qu'un autre album d'auteur (le Dark Prince Charming de Marini) cette œuvre adulte gratte les acquis en osant remettre en question beaucoup de constantes de Batman. Un album à la lecture obligatoire pour tout amateur du chevalier noir, mais aussi chaudement recommandé pour tout lecteur de BD. Lire sur le blog: https://etagereimaginaire.wordpress.com/2018/11/19/batman-white-knightLe 06/11/2018 à 20:31:18
Extraordinaire moment de lecture que ce chevalier blanc... Je ne suis pas un connaisseur de l'univers Batman et c'est la signature de Sean Murphy, dont j'avais apprécié Tokyo Ghost, qui m'a amené ici. Et bien quelle claque... tant visuelle que narrative ! Passionnant de bout en bout, graphiquement somptueux, ce récit audacieux ne laisse pas une minute de répit. Une de mes plus belles lectures de l'année sans hésiter.BDGest 2014 - Tous droits réservés