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rièvement blessé, le justicier de Gotham se lance à la poursuite de l’indic qui vient de lui permettre d’arrêter une nouvelle fois le Joker. Terrorisé par le chevalier noir et par les inévitables représailles de celui qu’il vient de trahir, Buster Snibbs préfère cependant mettre fin à sa vie. De retour à la Batcave et encore sous le choc de cette poursuite fatale, Bruce Wayne pense à ranger définitivement son costume et à renoncer à sa vie de justicier. Batman, lui, ne l'entend pas de cette oreille !
Après avoir simulé sa propre mort et tenté un vol infructueux, c’est une Selena Kyle complètement fauchée qui revient à Gotham. Heureusement, Swifty a un tuyau d’enfer qui devrait lui permettre de prendre un nouveau départ. Afin de réussir ce dernier coup, Catwoman doit cependant renouer les liens avec son mentor, James Stark. Ce dernier n’est pas seulement l’homme de sa vie, mais également celui qu’elle a jadis trahi ...
Mis en avant comme un album dédié à Batman, cet ouvrage, qui regroupe deux histoires complètes déjà éditées par Semic, tient cependant plus d’un hommage à Darwyn Cooke. Batman: Ego est d’ailleurs le premier comics de cet auteur encore récemment couronné aux Eisner Awards 2007 pour Batman/The Spirit et The New Frontier. La seconde saga (Catwoman : Le gros coup de Selina), entièrement dédiée à Selina Kyle, est même marquée par l’absence totale de l’homme chauve-souris.
Ego analyse de manière assez efficace et complète la personnalité schizophrénique de Bruce Wayne. Il y a d’une part ce gentil petit garçon, bien élevé, qui n’arrive pas à effacer l’image de Thomas et Martha Wayne et refuse catégoriquement de prendre la vie d’autrui. De l’autre, il y a cette créature de la nuit effrayante, ce justicier masqué qui jura de combattre le crime. Le suicide d’un innocent vient rompre l’équilibre fragile entre les deux. Bruce Wayne, affaibli par ses blessures, doit du coup faire face à lui-même, à ses doutes, à ses angoisses et aux origines de sa schizophrénie. Malgré la justesse de cette psychanalyse, la plupart des aspects abordés sont loin d’être neufs. Le récit démontre une nouvelle fois, avec justesse, que Batman est bien plus qu’un masque, mais ne révolutionne malheureusement pas le personnage.
Comme suggéré par le titre, Catwoman : Le gros coup de Selina est une histoire de braquage qui n’a rien à envier aux classiques du genre, tels que Ocean's Eleven ou The Score. La trame principale n’est donc pas vraiment novatrice : Selina Kyle, voleuse notoire connue sous le nom de Catwoman, constitue une équipe afin de réaliser un dernier coup qui devrait définitivement la mettre financièrement à l'abri. Mais, au-delà du braquage classique, Darwyn Cooke parvient à accrocher le lecteur grâce à un travail remarquable au niveau des personnages. En se concentrant principalement sur la femme derrière le masque, l’auteur livre un comics qui se rapproche plus de polars sombres tels que Criminal que du genre ‘super-héros’. Tandis que des flashbacks reviennent sur le passé de Selina et sa relation avec James Stark, une trame secondaire met en scène Slam Bradley, un détective qui joue ensuite un rôle important dans la série régulière écrite par Ed Brubaker. Le découpage en chapitres distincts consacrés aux différents protagonistes, accompagné d’une narration en voix-off captivante, renforce encore l’efficacité de ce ballet de caractères.
Le style de Darwyn Cooke fait irrémédiablement penser aux séries animées d’antan et confère une ambiance rétro qui colle parfaitement à cette époque gérée par le crime et les gangsters. La colorisation sombre saisit parfaitement la noirceur de Gotham City, tandis que le découpage très clair offre une grande lisibilité à l’ensemble.
Regroupées dans un ouvrage qui plaira aux fans de Darwyn Cooke, ces deux histoires totalement différentes au niveau de l’intrigue et des personnages, permettent de jeter un œil au-delà des costumes de Batman et Catwoman.
Les avis
Erik67
Le 05/09/2020 à 14:37:06
J'ai adoré Batman Ego car notre héros doit simplement lutter contre lui-même. C'est le Batman le plus psychologique qu'on n'aura jamais l'occasion de lire. Batman est seul face à sa conscience. Il a commis une grave erreur en poussant un innocent au suicide. Les évènements les plus importants de sa vie sont passés au crible fin.
La narration est vraiment fluide. C'est une grande claque même si visuellement, cela reste correct. En effet, le trait est plutôt épais et tranche totalement avec le graphisme réaliste qu'on avait l'habitude de voir petit à petit.
Le second récit est une histoire de Catwoman qui prépare un gros hold-up. Elle y perdra d'ailleurs beaucoup. On apprend à découvrir la femme fatale qui se cache derrière le masque. C'est également psychologique mais l'action est beaucoup plus présente.
Je trouve que c'est une bonne idée de l'auteur de nous avoir fait découvrir deux côtés de la personnalité de ces deux super-héros que sont Batman et Catwoman. Je précise qu'il n'y a aucun lien entre ces histoires si ce n'est la même approche psychologique de ce qui les motive dans leurs actes.