C
ongédié de sa propre entreprise, Bruce Wayne vit modestement et accepte dorénavant les invitations aux barbecues organisés par ses voisins. L’une d’entre elles, Sarah Worth, est assassinée. Son père, un industriel associé au crime organisé, est convaincu que le milliardaire déchu est responsable. Il met la ville à feu et à sang pour se venger de ce dernier et de Batman qu’il accuse de le protéger. Nouvellement élu, le maire Christopher Nakano souhaite en finir avec la violence des justiciers. Parallèlement, des gens sont infectés par un parasite les transformant en créatures meurtrières. Le Pingouin et les Trouble-fête viennent également brouiller les cartes. Bref, Gotham part de nouveau en vrille. Visions de violence est un antépisode à Future State ; dans cet univers l’héritier n’est plus, mais son alter ego masqué répond présent.
Mariko Tamaki a déjà fait ses preuves. Sur son curriculum vitae figurent des aventures d’Harley Quinn, Supergirl et She-Hulk ; cette fois, elle offre le premier rôle à Huntress. Dans ce récit, elle présente un chevalier démuni, isolé et vulnérable. Privé de son argent, de ses batmobiles et des bidules développés par Wayne Entreprises, il perd de sa superbe, tout en demeurant vaillant. Ses idéaux de justice restent ; sa consœur à l’éthique élastique se veut toutefois plus efficace.
Les nombreux fils narratifs et la multiplication des acteurs alourdissent une narration par moments confuse. Cela dit, tout semble se tenir et le deuxième tome du diptyque devrait rendre l'ensemble limpide. Mais il faut l'avouer, des mafieux, des politiciens retors, des policiers à la morale douteuse et des monstres, tout cela dans un album, c’est beaucoup.
Trois dessinateurs, Dan Mira, Viktor Bogdanovic et, marginalement, David Lapham, se partagent le travail. Bien que des différences de style transparaissent à l’occasion, le cahier des charges de DC assure l’uniformité du projet. Comme à l’habitude, le dessin se montre dynamique, les vues d’ensemble soignées, les gros plans saisissants et les compositions de planches souvent audacieuses. Les artistes ne réinventent rien, mais ils le font bien.
Il y a de belles idées dans ce Batman. Peut-être aurait-il été intéressant de moins insister sur l’action afin de mieux travailler la psychologie d’un personnage déstabilisé par les événements.