Résumé: Biographie romancée de l'artiste peintre américain de la mouvance underground, célèbre notamment pour ses graffitis muraux : ses débuts dans la années 1970, sa rencontre tumultueuse avec Andy Warhol, ses revendications et son décès prématuré pour overdose.
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emarqué à New-York à la fin des années soixante-dix par des galeristes grâce à ses graffiti urbains, Jean-Michel Basquiat (1960-1988) aura tout juste le temps de devenir l’un des artistes contemporains le plus révéré de sa génération avant de disparaître. Ultra-créatif, instable et accroc tant aux drogues qu’à sa position autoproclamée de génie (« Picasso a tenu quatre-vingt-dix ans, je ferai aussi bien. »), il a connu la misère, puis la gloire et la fortune, ainsi que les obligations et les angoisses qui accompagnent les attentes des marchands et des collectionneurs.
Paolo Parisi (Coltrane) illustre en cinq chapitres pour autant d’étapes la courte vie du maître du néo-expressionnisme. Piochant dans les différentes biographies existantes, l’auteur suit son héros des bas-fonds de la Grosse Pomme où, sous le nom de SAMOS, il graphe buildings et ruelles, à sa découverte par le monde de l’art « officiel », ainsi que sa rencontre avec le pape du Pop Art Andy Wahrol et son accession au rang de star et, finalement, sa fin tragique et prématurée due aux excès d’une créativité impossible à dompter. Cette série d’anecdotes donne un bon aperçu de la personnalité du plasticien, mais manque drastiquement d’incarnation. La faute première vient du fait que pratiquement aucune œuvre n’est montrée (choix artistique ou question de droits ? Parisi n’offre pas d'explication) et une absence de mise en contexte du travail de Basquiat. Sans refaire toute l’histoire de l’art moderne américain, un petit rappel pour situer la démarche du peintre aurait été le bienvenu.
À défaut de pouvoir montrer les toiles, Parisi a choisi une approche graphique plutôt posée, sauf au niveau des couleurs. En effet, les teintes pleines et franches que n’aurait pas reniées Morris donnent des allures quasiment psychédéliques à l’album. Par contre, le découpage reste très sage et n’ose que bien trop rarement s’affranchir d’une ligne très conventionnelle. Les rares inserts ou instantanés de la ville (la grande oubliée du récit) n’arrivent pas à dynamiser une narration plan-plan. Résultat, peu ou pas à l’unisson de l’explosivité visuelle de son sujet, le dessinateur se limite simplement à illustrer sagement cette existence fougueuse.
Sous ses airs stromboscopiques, Basquiat l’enfant rayonnant cache un biopic appliqué et très classique et ô combien frustrant. Où est donc l’Art, la folie créatrice et la tentation du néant ?