Résumé: 1918, aux premières heures du Barnstorming, lorsque les pilotes rivalisaient les uns avec les autres en accomplissant des exploits tous plus merveilleux, spectaculaires et... meurtriers les uns que les autres.
Cette aventure est aussi un portrait intime de l'amour à la sortie de la guerre et une réflexion sur le niveau de confiance nécessaire pour mettre sa vie entre les mains de son partenaire.
B
ix oublie ses problèmes aux commandes de son Curtiss JN-4 ; Tillie cherche à fuir les siens ! Un quiproquo va leur permettre de s’envoler vers des cieux pas forcément des plus radieux.
Initialement paru au format numérique chez Comixology Originals, Barnstormers a été récompensé aux Will Eisner 2023 dans la catégorie « Meilleure bande dessinée numérique ». Aujourd’hui, il atterrit sur le tarmac des éditions Delcourt sous la forme d'un one-shot imprégné de l'odeur de la sueur et de l'essence.
Pour la circonstance, Scott Snyder construit son récit autour d'un couple improbable qui cabote d’État en État pour égayer le quotidien de l’Amérique profonde et se payer un aller simple pour La Havane. Pour pimenter les transports aériens de ses deux héros, il imagine un mari jaloux (d’avoir vu sa femme s’enfuir à tire-d’aile) et un détective privé chargé de mettre fin aux agissements de ce duo à la Bonnie & Clyde. Afin de donner plus d'intensité à cette dramaturgie en devenir, il plante son décor à la fin des Années folles, temps où nombre de pilotes, de retour d'Europe, soignaient encore leur stress post-traumatique en risquant leur vie lors d'acrobaties aériennes toujours plus audacieuses. Face à un scénario aussi dense, Tula Lotay n’est pas en reste avec un graphisme numérique ultra coloré et réaliste qui donne à l’ensemble un aspect très hollywoodien, tout en proposant un style qui s’essaye à retranscrire la folie comme la brièveté d’une époque qui s’est consumée par les deux bouts en moins d’une décennie.
Bénéficiant d’une mise en scène des plus cinématographiques, dont elle cultive les codes et les clichés avec un savoir-faire maîtrisé, Barnstormers est, au travers des prémices du cauchemar de la Grande Dépression, une chronique haletante, aussi désabusée que désespérée, d’une fin trop vite annoncée !
La preview
Les avis
BMR
Le 06/09/2025 à 09:11:38
Ambiance années 20 pour cette aventure aérienne de Bix et Tillie, les Bonnie and Clyde des airs. Le dessin glamour de Tula Lotay, très original, vaut à lui seul le baptême de l'air.
Le barnstorming c'était le cirque volant que pratiquaient dans les années 20, les pilotes US démobilisés de la première guerre mondiale, les fous volants : cascades et prouesses étaient exécutées en plein ciel pour épater les fermiers du monde rampant (et récolter quelques subsides grâce aux baptêmes de l'air qui étaient proposés).
L'américain Scott Snyder (venu des comics US) signe un scénario qui nous emmène survoler les champs de sorgho et de soja US que viennent rehausser les superbes dessins de Tula Lotay alias Lisa Wood (une dame, c'est peu fréquent et il faut le souligner).
Leur collaboration date des années 2010 avec la série "American Vampire" et en 2023, ils ont produit "Barnstormers", une série en ligne [Comixology désormais Amazon] dont est tiré l'album papier d'aujourd'hui, adapté des premiers épisodes.
La superbe colorisation est signée par l'irlandais Dee Cunniffe.
Lui, c'est l'as des pilotes, Hawk E. Baron (ou Bix Huckett c'est selon). Glorieux héros, beau gosse et bon pilote de sa Jenny (le surnom du Curtiss JN4), du moins jusqu'à que son avion s'écrase au beau milieu d'une réception de noces.
Elle, c'est la mariée, Tillie (ou Petra Zolatskyi, c'est selon), une brune fatale qui, du haut des talons de ses santiags, renvoie toutes les blondes au vestiaire.
« [lui] - Je ne suis pas ... un mec bien.
[elle] - Tu me le jures ? »
Et hop, c'est parti pour un « périple qui va terroriser certaines des plus riches familles du pays, et qui laissera cent onze cadavres », excusez du peu.
Mais les années 20 c'est aussi le temps de l'agence Pinkerton et un de leurs agents se retrouve bientôt aux trousses de Bix et Tillie, les Bonnie and Clyde des airs.
Alors on espère très fort que ça finira peut-être pas si mal que ça, et on voudrait bien croire « qu'ils sont trop hauts pour être atteints, trop rapides pour être pris. »
On est vraiment emballé par le dessin de Tula Lotay aux influences multiples : comics, roman photo, affiches de spectacles ou de cinéma, ...
Et le côté glamour qui sied à cette histoire tragique mais terriblement romantique, est rehaussé par une colorisation qui rappelle les effets obtenus à l'aérographe.
À tel point que le scénario, plutôt classique, de Scott Snyder ne semble là que pour permettre à la dessinatrice de déployer tout son talent. Mais sur fond de lutte des classes, un vent de liberté souffle suffisamment fort pour bousculer les conventions et l'intrigue se révèle d'une finesse inattendue, dépassant largement le simple hommage nostalgique à l'ambiance désuète des films d'antan.