Info édition : Noté "Première édition". Format 203 x 264 mm.
Résumé: Construit sous la forme de plusieurs petites histoires, cet ouvrage autobiographique au trait coloré et expressif raconte la vie d'une jeune fille ayant grandi dans les colonies en Israël au sein d'une famille religieuse. Tohar dévoile avec beaucoup de sincérité ses moments de vie et la difficulté de grandir dans cette communauté alors qu'elle a choisi de prendre ses distances avec la religion.
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ernière-née d’une fratrie comptant déjà quatre filles et deux garçons, Tohar a grandi dans une des colonies israéliennes implantées en Cisjordanie. Fille du rabbin Sherman, elle a baigné dans la religion et l’activisme colon dès son plus jeune âge. Mais, peu à peu, l’enfant gâtée souvent laissée à elle-même a commencé à douter de sa foi, à sécher la prière, à fréquenter un garçon… Autant d’attitudes estimée illicites et lui valant les commentaires peu aimables de ses camarades… Entre soif de liberté et respect des traditions, l’adolescente cherche sa voie et espère trouver l’équilibre qui lui conviendra le mieux.
Souvenir d’une alarme alertant d’une menace terroriste ou d’un meeting pro-colonisation attifée un T-shirt orange, réminiscence des cours religieux dispensés dans son école confessionnelle ou de ses premiers émois amoureux, rappel de cette époque où elle acceptait tellement mal son corps soumis à la puberté : la bédéiste porte un regard ouvert et lucide sur son parcours personnel. Elle évoque à la fois ses choix, son apprentissage d’une vie libre (cigarette, tatouages, sorties en boite, etc.), tout en brossant un tableau sans aménité des contraintes liées à son milieu. Pour autant, son rapport à sa famille, notamment, reste empreint d’affection, tandis que celui à ses croyances se distend très progressivement, au fil des transgressions qu’elle entreprend.
Encadré par un prologue et un épilogue, l’histoire se découpe en trois parties, elles-mêmes composées de plusieurs séquences. Celles-ci sont illustrées par un trait semi-réaliste qui n’emportera probablement pas l’enthousiasme. Néanmoins, il se révèle expressif et va à l’essentiel, sans enjoliver la réalité vécue par l’autrice. Les planches s’affranchissent régulièrement des limites des cases sur certaines bandes, ce qui apporte un peu de dynamisme. La « chanson d’adieu » final résume avec franchise la relation de Tohar Sherman-Friedman à Dieu et à un pan de son existence, qu’elle laisse derrière elle.
Témoignage intime d’un cheminement personnel, Les filles sages vont en enfer constitue une lecture aussi intéressante que révélatrice d’une évolution et d’une acceptation de soi assumée, après des tâtonnements. À découvrir.
Les avis
Erik67
Le 23/11/2022 à 07:37:19
A-t-on réellement de savoir ce que pense une jeune fille israélienne vivant dans les colonies de Cisjordanie ? Voici un album autobiographique de Tohar Sherman-Friedman qui nous plonge dans toutes ces réflexions.
Pas un seul mot pour les palestiniens dépossédés de leurs territoires. Il est question d'une peur presque irrationnelle de terroristes et d'attentats (un jet de pierre sur une voiture traversant certaines zones). Cela sera les seules évocations à ce conflit interminable.
Oui, tout le reste est la vue d'une adolescente qui va découvrir l'amour de sa vie, qui va faire la fête, qui va également tourner le dos à la religion pour être plus libre. Toute une insouciance de la jeunesse et qui tranche très certainement avec la misérable vie des arabes de la région.
J'ai eu un peu la nausée en lisant cette BD qui partait certainement d'un bon sentiment. Pour autant, j'ai plutôt été sensible au thème de la perte de la foi car cela me renvoyait avec ma propre expérience de vie. On ne peut que souligner le courage de l'auteur qui n'a pas suivi la voie toute tracée de ce dogmatisme religieux imposé par la société et une famille très pratiquante.
Le dessin m'a paru un peu brouillon avec des disproportions. Cela reste tout de même assez acceptable. Mais bon, cela ne sera pas un chef d’œuvre sur la forme.
Je me suis un peu perdu dans ce récit un peu décousu où l'on peut perdre facilement le fil. Reste le témoignage intime et personnel qui pourra le cas échéant vous toucher. Oui, les filles sages peuvent aller en enfer, alors on ne vous dit pas pour les vilaines filles !