Info édition : Contient les épisodes US inédits : The Banks #1-6
Résumé: Les femmes de la famille Banks sont les braqueuses les plus talentueuses de Chicago. Quand l'occasion de venger un être aimé leur est offerte, elles prennent tous les risques dans un casse gigantesque, pour que justice soit faite.
Nouvelle plongée dans l'univers TKO Comics qui revisite tous les genres avec une maîtrise sans pareille. C'est cette fois le film de casse qui sert d'inspiration à cette saga complète résolument féministe, scénarisée par Roxane Gay, autrice, éditorialiste au New-York Times et essayiste, également lauréate d'un Eisner Award pour la série Marvel World of Wakanda (meilleure mini-série).
C
hez les Banks, le cambriolage est une tradition familiale. Depuis que Melvin a initié Clara à son art, le couple, qui s'est marié et a eu une fille, a mis un point d'honneur à ne jamais se mentir et ne pas avoir les yeux plus gros que le ventre. Malgré l'incarcération de son époux, Clara a continué ses sorties nocturnes et a même initié sa progéniture.
Bien plus retorse que le résumé éditeur ne le laisse penser, le scénario concocté par Roxane Gray semble taillé pour le grand écran. Ses héroïnes sont des femmes aux caractères bien trempés qui enfreignent la loi plus par nécessité que pour le plaisir. Enfin c'était le cas jusqu'à ce que Célia, la petite-fille devenue adulte, leur propose ce dernier coup. Au cœur de cette histoire familiale tourmentée où les mensonges et les non-dits ont éloigné la plus jeune des ses aînées, la scénariste pose un regard sans concession sur le monde actuel. Sexisme, racisme, le milieu des affaires est représenté sans filtre. Dans ce cadre, ses héroïnes qui ont le bon goût d'être loin des stéréotypes, ont toutefois du mal à prendre corps. Le manque de place pour les développer, sans tomber dans une opposition manichéenne, rend leur psychologie trop superficielle.
Au vu des rebondissements et fausses pistes, six chapitres semblent en effet trop peu pour véritablement laisser le temps aux auteurs de construire leur intrigue. Celle-ci reste prenante et bien menée, mais avec une sensation de rapidité préjudiciable pour l'immersion. D'autant que ce sentiment est accentué par la prestation graphique. Si le découpage et le dynamisme sont au rendez-vous, l'impression globale est mitigée. Notamment à cause de trop grands écarts dans les proportions et des personnages aux morphologies... approximatives. Malgré le travail sur les couleurs de Jordie Bellaire, le trait de Ming Doyle se montre trop imprécis pour convaincre. Cela s'avère dommage tant ce qu'elle propose en terme de chara-design est intéressant.
The Banks démontre qu'il ne suffit pas d'une bonne idée pour faire un bon album. Malgré des qualités, une trame riche et des rebondissements nombreux, son manque de fluidité et ses trop nombreuses approximations graphiques en font une sortie simplement originale alors qu'elle aurait pu se révéler marquante. Dommage pour le public en quête de renouveau dans un paysage comics assez fade.