L
a couverture, à condition de ne pas trop s’attarder dessus, laisse à penser qu’il s’agit d’un livre pour enfants. Ce n’est pas le format de l’objet, plutôt imposant, qui dément cette impression. Par contre, l’avertissement en page de garde qui annonce une « parodie sanglante » de Bambi est sans équivoque. Effectivement, en y regardant de plus près, le premier plat est, à sa manière, éloquent. Les éléments sont là, le lecteur pressent déjà le potentiel plaisir de se retrouver face à un de ces albums déconnants qui, de prime abord, ne promettent rien, mais dont les premières pages suffisent à convaincre le lecteur qu’il tient entre les mains l’oiseau rare. Francis blaireau farceur pourrait trouver matière à se réjouir : avec Bambou, un nouveau copain pointerait son museau. Il n’en est rien.
Dès le commencement, il est aisé de voir que ce n’est pas cette voie qui est empruntée. L’autre voie possible laisse présager quelque chose de plus cérébral : notre jeune héros, né d'un de père parti sans laisser d’adresse, semble un peu différent, et le monde de la forêt est d’ores et déjà prêt à le rejeter. Ce choix tendance "chronique sociale" dispose de sérieux atouts en poche avec, notamment, le contraste saisissant qui ne peut qu’opérer entre la violence supposée du fond et la naïveté volontairement posée par la forme. Le décalage entre la thématique et le dessin infantile à l’extrême prendrait alors tout son sens. Il n’en est rien.
Alors, que reste-t-il, derrière le voile des fantasmes déçus ? Très rapidement, l’évidence s’impose : rien.
L’histoire, sans intérêt, s’en tient à un premier degré navrant : la narration ne répond à aucune logique, si ce n’est celle purement basique d’un enchevêtrement de micro-événements mal racontés. Quant au dessin, déconnecté en toute chose de son scénario et inexpressif au possible, il perd du coup tout son pouvoir attractif et retourne à l’état de simples, mais charmants, gribouillis. Ce n'est pas suffisant.