Résumé: Ils n’ont jamais été aussi loin, ils sont au bout du monde. L’amiral est le seul à connaître la distance à parcourir avant d’arriver à destination. Les marins eux viennent d’apprendre qu’ils resteront stationnés dans cette baie tout l’hiver et que les vivres seront rationnés.
Ils ont tous passé leur vie sur des bateaux, ce sont des matelots ou des vieux loups de mers, des aventuriers qui ont beaucoup voyagé mais jamais ils n’ont craint et haï un amiral à ce point. On leur avait promis le paradis sur terre, ils vivent l’enfer... L’atmosphère est tendue, des bruits courent, il se trame quelque chose.
La Baie des Mutins raconte l’histoire d’une singulière expédition qui tourne au vinaigre, celle de cinq caravelles parties sur La Route des Épices. Exaspérés par leurs conditions de vie, le manque de nourriture, le froid et l’immobilisme, les hommes des navires espagnols vont former une coalition contre les portugais et une mutinerie va éclater.
Ce n’est pas tant l’action épique de ce soulèvement que la psyché des personnages qui intéresse Antoine Cossé. L’ingéniosité de ce récit se niche dans les interactions humaines qui laissent entrevoir les fiertés mais aussi, les solitudes, les doutes et les faiblesses des ces durs à cuirs. Le terrain de l’intrigue étant délimité par le littoral, La Baie des Mutins prend la forme d’un huis clos captivant. À la manière de Werner Herzog, l’auteur donne la part belle à la folie humaine face à la violence des conditions de vie en mer.
L
es premières pages d’une bande dessinée sont-elles particulièrement importantes ? À la lecture de La baie des mutins d’Antoine Cossé, il serait tentant de répondre « oui » à cette question qui conditionne toute la lecture. Ici, en tout cas, l’entame du récit se révèle peu lisible, ce qui donne d’emblée une impression de décousu dont il sera ensuite impossible de se défaire.
Pourtant, des qualités, l’album n’en manque pas, à commencer par un dessin qui, l’air de rien, possède une véritable identité. Puis, il y a l’utilisation pertinente de différents papiers pour les diverses parties de l’histoire, sans parler de quelques répliques cinglantes, parfois du plus bel effet. Mais il y a trop de moments de flottement qui font que le fil narratif semble finalement échapper à son auteur. De la même façon, il pourrait être reproché un certain manque d’ambition à cette aventure qui, au-delà d’une mutinerie plutôt bien menée, n’offre pas de réelle substance.
À la fin, on serait tenté de dire « Bon, ben, voilà, ça c’est fait » et de passer à autre chose.