L
e téléphone sonne et tire un homme du sommeil. Une seule phrase est prononcée par l’autre au bout du fil : « ils ont retrouvé la voiture ». Quelques explications rapides, un rendez-vous. L’homme s’habille et part rejoindre son ancien ami à « l’endroit d’avant ».
Cet album de Gipi est un concentré de vie. Quelques heures volées dans l’existence de deux hommes, qu’on suppose gangsters rangés des affaires. Le procédé narratif, délicat mélange de voix-off et de dialogues, contribue à renforcer le côté polar. Ici aucun mot n’est laissé au hasard, chaque phrase est choisie avec minutie afin d’en dire le moins possible, tout en faisant progresser l’intrigue. Langage codé, ambiance graphique froide et humide, la maîtrise de l’auteur est totale. On ne saura jamais le nom des personnages, toujours désignés par leur agissement au moment du récit, ni qui ils sont, ni ce qu’ils font. Gipi ne s’embarrasse pas de détails, pourtant tout est clair, et l’aspect pesant est omniprésent. Impossible de reprendre sa respiration, même avec ces grandes aquarelles monochromes sans texte ni personnage.
Gipi signe ici un récit court, spontané qui démontre son absolue technique de narration, tant par ses textes sans équivoque que par son dessin concis. A lire absolument.
Les avis
Giuseppe
Le 18/02/2006 à 23:33:23
Le téléphone sonne. Un homme décroche. Au bout du fil une voix. "Ils ont retrouvé la voiture". "Rejoins-moi".
A partir de là, les 2 protagonistes savent ce qu'ils leur restent à faire.
Cet album plonge le lecteur dans une atmosphère pesante grâce à ses dialogues, à son graphisme (vent, crachin, "gueules" des personnages) et à l'absence d'informations sur les protagonistes. On ne sait même pas leur nom. Le narrateur les désigne donc ainsi : "L'homme calme", "L'homme à la porte", etc.
L'auteur fait vraiment preuve d'une grande maîtrise aussi bien graphique que scénaristique.
Tous les dialogues ont leur importance et aucun n'est écrit par hasard. Un mot, ou une phrase, dit à un moment aura son importance ultérieurement. C'est du grand art.
Bravo GIPI. Pardon, bravo Monsieur GIPI.
C'est vraiment un grand auteur de BD. Malheureusement encore peu connu du grand public. Son prix à Angoulême réparera peut-être, en partie, cette injustice.