Résumé: A l'école, personne n'aime Nejma. Elle est nulle, méchante, moche et mal habillée. En plus, elle crache par terre. Mais on ne lui dit jamais rien, parce que tout le monde sait qu'il ne faut pas pousser à bout une personne qui n'a rien à perdre.
Aussi, le jour où Jonathan Suyckerbuck, grand amateur de catch, est retrouvé inconscient derrière la porte de la cantine, c'est Nejma qu'on accuse. Elle a beau se défendre, personne ne la croit. Mais Nejma n'est pas aussi seule qu'elle veut bien le croire.
Au tour de son voisin et ami Raja, de faire quelque chose pour Nejma, elle qui l'a toujours protégé.
L
es insultes passent à travers les armures les plus solides. Nejma joue les dures, mais elle ne la ramène pas. Elle voudrait simplement passer inaperçue, qu'ils lui fichent la paix. Avec un père parti depuis longtemps et une mère qui travaille tard le soir, elle croit que la solitude est sa meilleure alliée. Aussi, quand elle est accusée d'avoir tabassé un autre élève, difficile pour elle de se faire entendre et de se défendre...
Si Marie Desplechin écrit aussi bien pour les jeunes que pour les adultes, Babyface est clairement destiné aux premiers. À l'origine, il y a un roman publié à l'Ecole des loisirs en 2010. L’action se déroule dans une cité où les blocs d’immeubles marrons enserrent les autoroutes grises et où les graffitis agressifs s'exhibent sur les murs abîmés et le béton froid. L'auteure met en scène une jeune fille mal dans sa peau, impopulaire sans réelle raison et retranchée dans sa tour d'ivoire. Le lecteur suit son parcours à travers la voix-off de Freddy, le personnage le plus proche d'elle. Son langage simple et sa façon de s'exprimer émouvante placent la narration à hauteur d'enfants et permet à ceux-ci de s’identifier aisément. Il s'agit du portrait d’une enfance pas facile, qui opte pour une résolution optimiste dans le but de démontrer que les ressources pour surmonter les obstacles existent à l'intérieur de soi et à l’extérieur, pour peu que l'individu accepte de s'ouvrir. Les thématiques abordées sont universelles : exclusion, précarité, intolérance à la différence, "délit de faciès", effet de groupe, amalgames et raccourcis qui entachent la présomption d'innocence…
Olivier Balez (Beauté noire, Robert Moses, J’aurai ta peau Dominique A…) opte pour un gaufrier au nombre de cases limité et un trait simple, épais et rond au rendu naïf qui se prête particulièrement bien au public visé. Le lecteur peut ressentir à travers ce graphisme la tendresse qu'il éprouve pour ses personnages. Quelques hachures à la craie grasse noire accordent du relief et de la densité au dessin. Le résultat est plaisant et relativement facile à suivre.
Une jolie histoire au sujet sociétal qui dépeint le quotidien finalement ordinaire de nombreux pré-ados. La trajectoire positive de ce one-shot se révèle rafraîchissante, une leçon d'espoir.