Info édition : Avec jaquette.
3 planches couleur en début de tome.
Dossier de 11 pages en fin de volume : ""Beethoven, un mythe réinventé" ; interview de Cocoro Hirai ; Esquisses préparatoires des personnages principaux.
Résumé: Beethoven n'a pas dit son dernier mot ! Rui grandit dans une famille obsédée par l'excellence. Sa mère veut à tout prix faire de lui et de son aîné Yugo de parfaits interprètes de musique classique. Mais, plus que jouer, le jeune garçon aime composer ! Une mélodie trotte dans sa tête depuis toujours, et une mystérieuse voix qui résonne en lui le conseille, le guide, le critique... l'encourageant sans cesse à améliorer son oeuvre.
Le compositeur en herbe, loin de s'en inquiéter, se sent conforté par cette présence. Quand le grand-père des deux garçons débarque pour s'assurer de leurs progrès, l'atmosphère se fait plus oppressante que jamais. Rui est interrompu dans sa création, sommé de s'en tenir aux partitions. Quant à Yugo, il refuse de jouer et se fait gifler ! Le grand frère adoré se rebelle et quitte le foyer, laissant Rui plus seul que jamais...
A ses côtés, l'ombre se précise, celle d'un compositeur mort plein de regrets... Est-il là pour soutenir le petit génie ou pour l'utiliser à ses propres fins ? Face A : l'artiste en devenir / Face B : le fantôme de Beethoven ! Découvrez l'improbable tandem formé par un fantôme prisonnier de son ambition et un jeune homme avide de liberté. Dans sa nouvelle oeuvre, Cocoro Hirai (Les Temps retrouvés, Sous un ciel nouveau) fait exploser la musique et les émotions à l'image !
I
ssus d’une lignée de musiciens, Rui et son grand frère Yugo ont des instruments et des partitions entrent leurs mains depuis leur petite enfance. Tandis que l’aîné joue du piano, le cadet l’accompagne au violon et, surtout, il couche sur le papier des mélodies qu’il est le seul à entendre. Ces compositions, rassemblées sous le nom de « Projet B », doivent cependant rester secrètes, car elles vont à rebours des exigences de la mère et du grand-père des garçons. Lors d’une énième séance de remontrances, Yugo se révolte et quitte le foyer. Resté seul, Rui s’abandonne toujours davantage aux sons et à la voix qui emplissent ses oreilles. Qui est ce mentor invisible ? Et l’adolescent parviendra-t-il à transcrire toutes les notes de l’air qui l’habite ?
Dessinatrice sur Sous un ciel nouveau et Les temps retrouvés, scénarisé par Kei Fujii, Cocoro Hirai signe sa première œuvre comme autrice complète avec B-Side. Pour la sortie du tome initial de cette création originale, les éditions Ki-oon ont mis le paquet puisque le pianiste et compositeur en vogue Sofiane Pamart signe la préface… ainsi que la bande sonore exclusive du trailer que les lecteurs et/ou mélomanes se hâteront de découvrir en « flashant » un QR code sur le bandeau promotionnel. Le soin apporté au dossier « Interlude » en fin de volume souligne également l’intention de présenter un produit qualitatif, en informant sur le personnage-phare de cette saga naissante et en mettant en avant les intentions de la mangaka grâce à une interview.
Mais le récit s’avère-t-il aussi efficace que l’artillerie déployée pour attirer le mangaphile ? Dans l’ensemble, oui. Car, le postulat émis par Cocoro Hirai fonctionne plutôt bien : Tombé dans l’oubli et ses œuvres étant restées inconnues, le fantôme de Beethoven vient hanter un héros en quête de liberté pour que ce dernier l’aide à composer une symphonie. Entraperçu brièvement dans la scène d’ouverture, le père de l’Ode à la joie n’intervient d’abord que sous la forme d’une ombre et d’une voix, avant de prendre davantage de place dans le quatrième chapitre. Entre-temps, l’autrice développe la figure de Rui, en s’attachant à montrer à la fois sa solitude, son désir de faire ses preuves et les entraves imposées par ses parents. La relation entre les frères, les destinées et aspirations de chacun d’eux, ainsi que l’esprit de compétition nourrissent le propos, tandis que le déroulé des événements maintient un bon rythme et que les questions, multiples, aiguisent la curiosité. La partition graphique se révèle également plaisante. Le rendu des séquences musicales et des conseils de Beethoven est bien trouvé : arabesques tout en fluidité pour les lignes instrumentales et bulles noires pour la voix du compositeur allemand. L’intensité des expressions et des attitudes est également au rendez-vous. La variété des cadrages, ainsi que le soin apporté à l’agencement des planches font le reste. Seuls bémols : de rares perspectives anatomiques moins heureuses et un léger goût de surenchère dans la survenue des drames.
Doté d’une belle orchestration, B-Side s’ouvre de façon satisfaisante. Une bonne impression à confirmer avec la suite prévue pour décembre 2023.
Les avis
Erik67
Le 28/06/2024 à 07:37:58
Combien de parents poussent leurs enfants à l'excellence réalisant ainsi une sorte de souhaits par procuration ? A les entendre, leurs enfants sont toujours supérieurs à la moyenne du commun des mortels.
Ainsi ce jour par exemple, je suis tombé sur une information concernant une gamine de 9 ans qui va passer son bac afin de rejoindre les études supérieures à même pas l'âge où l'on termine le primaire. Bref, cela va parfois trop loin !
Rui, notre héros, ainsi que son frère Yugo sont ainsi poussés par leur mère à devenir un parfait interprète de musique classique. Bref, Vivaldi et Mozart n'ont qu'à bien se tenir ! Il est surtout question de liberté dans le choix de composer car le grand-père va s'en mêler pour que la fratrie se concentre sur leurs partitions. On s'en fout de ce qu'ils veulent vraiment car cela sera la musique classique avant tout.
On pourrait penser qu'il y a une rébellion dans l'air mais on ne quitte pas le milieu de la musique classique. C'est juste comme si on restait quand même dans le même moule en feignant juste un peu d'audace sur un mode assez mélodramatique.
A noter qu'on est dans une espèce d'uchronie où l'un des plus grands compositeurs de tous les temps à savoir Beethoven s'est suicidé avant de composer ses plus belles œuvres. Son fantôme va venir hanter notre héros en l'utilisant afin qu'il puisse également accomplir son œuvre.
Pauvre garçon ! Cela ne suffisait pas cette famille prête à tout pour le lancer en le retenant comme prisonnier et dans une certaine souffrance, il fallait également le fantôme du plus génial des compositeurs pour se servir de ce virtuose en herbe. On aura le choix entre la toxicité de la famille ou le poids de Beethoven.
Evidemment, dans ce récit assez triste, il est question de la passion de la musique qui se ressent dans les émotions. Pour cela, ce manga remplit bien son rôle dans sa partition avec une très belle intensité. On suivra ce titre avec plaisir que l’on soit ou pas mélomane.