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écouvrez St-Jean-en-Aven, petite bourgade du sud de la France, logée dans une vallée verdoyante et baignée de lumière. Séduit par la magie des lieux, par cette nature enchanteresse qui vous entoure, laissez-vous aller à une balade champêtre. Qui sait, peut-être y ferez-vous une belle rencontre… Mais surtout, ne manquez pas le clou du spectacle, ce qui fait le caractère unique de la région et la rend célèbre dans tout le pays : un magnifique pont métallique surplombant la vallée du haut de ses 235 mètres, véritable aubaine pour les candidats au grand plongeon.
Mais si l'on se presse aux portes de St-Jean-en-Aven pour prendre rendez-vous avec Dieu, jamais les gens du pays n'avaient jusqu'à présent cédé à la tentation. C'est pourtant ce qui vient d'arriver, de quoi faire venir l'inspecteur Walec de Paris pour mener l'enquête. Il va découvrir derrière l'aspect anodin du village un monde un brin loufoque où les personnages excentriques, assurément, ne manquent pas.
En réalisant Aven, Stéfan et Laurent Astier ont réussi une chose loin d'être évidente : créer une ambiance et un style bien particulier à partir d'éléments vus et revus. Un petit village isolé où tout le monde se connaît, ses inévitables rumeurs, l'arrivée d'un étranger dans ce milieu fermé, les vieilles histoires qui tardent à se résoudre… tout ce qu'il faut pour un bon petit polar en milieu rural, efficace mais sans réelle surprise. Mais les auteurs semblent vouloir aller plus loin, notamment avec des personnages bien campés et des dialogues ponctués d'une note d'humour souvent délectable.
Au dessin, Laurent Astier ne revient pas au noir et blanc de Gong et adopte le style semi-réaliste qui faisait en partie le charme de Cirk. Bien qu'il souffre d'une indéniable inégalité, certaines planches étant bien plus réussies que d'autres, son trait d'une grande simplicité parvient à mettre en place une ambiance qui rend la lecture fort agréable. La même remarque s'applique aux couleurs, réalisées conjointement par les deux auteurs, avec une belle alternance de teintes lumineuses et d'atmosphères plus confinées. Certains passages restent malgré tout en-dessous du niveau général de l'album.
Le principal reproche à adresser à ce premier tome est de ne pas (encore?) aller plus loin dans cette volonté de décalage par rapport au polar traditionnel : les scènes absurdes pourraient être mieux exploitées et certaines révélations auraient contribué à une intrigue plus conséquente. Car Les lois de l'attraction est un album relativement vite lu et le sentiment de frustration est grand une fois le livre refermé. Et ce n'est pas une chute pour le moins abrupte qui va y remédier.
Une série à suivre pour voir jusqu'où les auteurs voudront aller.