A
près un grave accident, la maman d'Icare sombre lentement dans la dépression et l'alcool. Pourtant, c'est lui qui va trinquer. Les pluies de coups s'enchainent. Pour qu'elles s'arrêtent, il a décidé de tuer le ciel. Louable intention, encore faut-il bien viser…
Gilles Paris est l'auteur du roman d'origine, récompensé de nombreuses fois. En gardant le point de vue de l'enfant, la scénariste Ingrid Chabbert ( En attendant Bojangles préserve l'innocence de «Courgette» et une poignante naïveté, reflet de sa personnalité attachante. Raconter en utilisant ses pensées rend ainsi la narration extrêmement juste et spontanée. En rencontrant ses nouveaux petits amis et les différents membres du foyer des Fontaines, le gamin cabossé découvre des personnes aimantes, compréhensives, à son écoute et surtout, désireuses de lui faire vivre une vraie vie, celle qu'il mérite. La force de cette histoire tient donc dans l'utilisation de ce ton bienveillant et toujours rempli d’espoir : ne pas juger et voir le positif dans chaque situation : une jolie leçon d'apprentissage dans un monde loin d'être facile pour tous.
La partition graphique se compose d'illustrations simples, habillées de couleurs douces relativement contrastées (dont le choix laisse parfois perplexe, il faut l'avouer). Ce dépouillement voulu par l'illustratrice Camille K. génère néanmoins un manque d'expressivité dans les visages et des décors un peu vides. La bonne idée a été de glisser régulièrement dans l'ouvrage des dessins du héros en culotte courte, maintenant le lecteur dans l'état d'esprit du narrateur.
Malgré un rendu visuel sobre, voici une adaptation réussie d'un récit sur l'enfance, traité volontairement avec humour et tendresse pour alléger le fond évidemment très sérieux de la misère sociale et affective, sans oublier de saluer le rôle des acteurs des services sociaux. Un bon bol d'air dans cette période masquée.