A
près les asiatiques mégalos, les violeurs extraterrestres et les grandes multinationales dictant leur loi au gouvernement américain, Authority doit aujourd'hui faire face à une nouvelle menace, venue de la plus grande et de la plus secrète entreprise jamais créée : Réalités S.A.R.L.
Ce volume 5 d'Authority, contenant l'arc "Réalités S.A.R.L" et deux histoires courtes, introduit une toute nouvelle équipe formée de l'anglais Robbie Morrison au scénario et de Dwayne Turner aux crayons. Le premier récit du livre, "La Flambe" représente donc un échauffement en quelque sorte, une présentation de ce que sera la série sous leur houlette. Malheureusement, cela démarre plutôt mal. Cette nouvelle poussive narrant le conflit qui oppose Authority et un casino situé dans une réalité alternative déçoit fortement par son côté cliché et des retournements de situations dignes d'enfants de 7 ans qui jouent à Zorro. Surtout, ce qui faisait la grande force des runs de Warren Ellis et de Mark Millar, un mélange de gigantisme propre aux comics de super-héros d'époque et d'humour impertinent et parodique semble ici totalement absent. L'histoire principale de ce volume 5 confirme cette impression : Morrison n'a gardé de ses prédécesseurs que les éléments les plus voyants, mais aussi les plus vides de sens. Il nous présente un conflit multiplanétaire, mais peine à nous en faire ressentir l'énormité, la démesure. Là où le duo Ellis/Hitch nous marquent par des visions apocalyptiques de Berlin ou Los Angeles en flammes, ravagées par une armée de clones super-humains, dans "Réalités S.A.R.L" on ne perçoit graphiquement la taille des enjeux à aucun moment, ou presque. Le même problème se répète avec les "méchants" qui, pour des êtres quasi-divins, manquent cruellement de charisme et d'envergure. Rien de l'extravagance d'un Kaizen Gamorra ou de l'ancien Docteur dans ces dirigeants d'entreprise.
Cet abandon du côté "too much" des précédents volumes pourrait ne pas être un problème, si Morrison avait traité Authority de la même façon que ses ennemis. Mais ça n'est pas le cas. Ces fous mégalomanes représentaient le pendant négatif d'Authority, équipe hétéroclite de personnages volontairement caricaturaux et extrêmes dans leur comportement et leurs idées. Une véritable parodie d'équipe de super héros qui combat des parodies de super-vilains dans des débordements pyrotechniques faisant passer Hiroshima pour un pétard mouillé, le tout baignant dans un deuxième degré omniprésent.
Sans adversaires à leur hauteur, l'équilibre est rompu et laisse voir les énormes ficelles d'un scénario sans aucun souffle. Le lecteur n'y croit plus, et les dialogues volontairement exagérés qui passaient parfaitement avant deviennent des répliques crétines ânonnées par une bande de culturistes bas-du-front habillés en Spandex qui s'agitent tout seuls dans le vide. A oublier.