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- La chronique
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Par Y. Tilleuil
L
as de devoir continuellement se battre contre les décisions de la Maison Blanche, l’équipe d’Authority a pris le contrôle des plus hautes instances du gouvernement américain et autoproclamé son leader, Jack Hawksmoor, Président des Etats-Unis. Leur conception de la politique sociale, écologique et économique idyllique n’est cependant pas partagée par tout le monde et leurs tendances dictatoriales se frottent vite aux fondements du système démocratique. Une révolte populaire, attisée par un groupe de super-humains soi-disant patriotes, se met à gronder à travers le pays. Cette rébellion visant à rendre l’Amérique à ses citoyens prend néanmoins des proportions inquiétantes et semble ourdie depuis l’outre-espace par un mystérieux personnage.
Après Warren Ellis, Mark Millar, Tom Peyer et John Ridley, c’est au tour d’Ed Brubaker de prendre en main ce comics créé en 1999 par Warren Ellis et Bryan Hitch et dérivé de la série Stormwatch. Cet album édité par Panini propose la première moitié de la minisérie composée de douze numéros, The Authority : Revolution.
En plaçant Jack Hawksmoor, Midnighter, Apollo, Swift, le docteur et l’ingénieur à la tête des Etats-Unis, le scénariste de Criminal modifie le rôle des vedettes d’Authority, tout en conservant ce côté atypique qui fait leur charme. Cette équipe fortement controversée, composée d’un couple d’homosexuels, d’un toxicomane et de personnages grossiers et violents, à cent coudées de l'archétype du super-héros traditionnel, doit maintenant gouverner et faire face aux gens qu’ils sont supposés protéger. Si, à l’origine, leur but était pourtant de rester neutre et de n’intervenir qu’en cas de besoin, ce nouveau statut colle parfaitement à leurs penchants totalitaires et à ce désir constant d’œuvrer à grande échelle pour un monde meilleur.
Cette nouvelle approche permet également à Ed Brubaker de conserver l’aspect politique de cette saga dont les héros combattent l'injustice sociale, les problèmes d’immigration, les mauvaises dictatures et les cataclysmes. Des acteurs qui n’hésitent jamais à défier les lois et les gouvernements et qui ne prônent surtout pas des intérêts pro-USA sur l’échiquier international. L’auteur ne manque d’ailleurs pas de livrer une critique acerbe envers cet establishment américain qui va à l’encontre du bien-être planétaire. Brubaker conserve aussi cette touche d’humour au sein d’une narration qui se veut efficace et qui contribue à rendre ce récit plus accessible que la plupart des aventures plus mystiques imaginées par ses prédécesseurs.
Au niveau du graphisme, Dustin Nguyen, un habitué de la série, continue d’exceller lors des scènes sanglantes et violentes, mais a tout de même du mal à coller à l’aspect plus réaliste de l’univers mis en place par Brubaker et livre également quelques visages légèrement déformés. Dans l’ensemble, les auteurs proposent un récit qui permet aux héros d’évoluer en remettant en question leurs actions et leur rôle au sein de la société. Une histoire bien écrite qui mesure les conséquences du placement d’un groupe de super-héros au-dessus de l’autorité des humains.
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