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- La chronique
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Par A. Perroud
D
ada, les Surréalistes et quelques rares autres... la Beat Generation fait partie du club select des courants artistiques qui ont, tour-à-tour, attaqué, ébranlé et façonné la vie intellectuelle de leurs époques, avant de se diffuser plus largement au sein du grand public. Jack Kerouac, William Burroughs, Gary Snyder, Neal Cassidy et Allen Ginsberg (pour les plus connus), tous ont en commun d’être nés et d'avoir grandi à l’ombre de la Dépression de 1929 et de la Deuxième Guerre mondiale. Au sortir de celle-ci, ils ont tous refusé la direction et les choix que la société prenait. Chacun à sa manière, ils proposèrent des changements nets et cinglants dans la façon d’appréhender et de comprendre le quotidien. Feux follets brûlant la vie par les deux bouts, leurs écrits (poésie, roman, récit) posèrent les bases de la contre-culture des années soixante et de la prise de conscience écologique de la décennie suivante. Pour ceux qui survécurent à leurs excès, ils devinrent des légendes vivantes dans les dernières années de leur existence. Considérés comme des rôles modèles par certains ou, à l’inverse, des doux rêveurs (ou pire) pour d’autres, leurs marques et leur mémoire (souvent fantasmée) sont toujours bien présentes aujourd’hui.
New York,1988. Préparant une émission de radio, Gilles Farcet a eu la chance de passer une semaine en compagnie d’Allen Ginsberg : sept jours en apesanteur combinant des rencontres incroyables avec les derniers survivants du groupe et un accès direct et privilégié avec l’un de ses fers de lance. C’est ce séjour studieux et fantastique qu’Étienne Appert a décidé de mettre en image dans Au crépuscule de la Beat Generation. Au programme, plus de deux cents pages de rappels historiques, de portraits sans concession, d’extraits d’œuvre, d’anecdotes, de racontars et de réflexions diverses et variées sur le sens de la vie.
À sujet immense aux ramifications globales, traitement visuel à grand développement, le dessinateur n’a pas eu peur de varier son style et de casser les règles du jeu pour explorer et expliquer les nombreuses notions chevauchées par le «Beat», la vibration source d’énergie et de vie. Reconstitutions des échanges entre Farcet et Ginsberg, passages hallucinants ou hallucinatoires décortiquant les fondements de quelques philosophies discordantes nourries aux mythes extrême-orientaux ou aux joies de l’autosuffisance (matérielle ou intellectuelle), la narration passe du plus concret au plus théorique avec impertinence et facilité. Les couleurs sont à l’unisson et la mise en page totalement libre et ouverte. Cet apparent chaos dramatique est cependant très organisé et, entre deux danses astrales ou dialogues initiatiques avec Hank (l’évanescent dernier clochard céleste), le fil narratif reste tenu et parfaitement cohérent. Le scénariste sait où il va et exploite avec intelligence la richesse du matériel à disposition. Mieux encore, il n’a pas peur de le prendre à bras le corps et de se l’approprier afin de l’exprimer sous une forme très personnelle et percutante. Les superbes grandes compositions piochant autant dans le psychédélique que le graphisme pur en sont la preuve.
Dense, surprenant, radical, habité et totalement abouti, Au crépuscule de la Beat Generation est une réussite à tous points de vue dans laquelle propos et illustrations se nourrissent et se subliment mutuellement. Plus largement, il s’agit également d’une excellente introduction à un des chapitres cruciaux de l’histoire culturelle du XXe siècle.
- Les avis
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MathMo
Le 14/12/2023 à 14:59:39
Dans les années 80 un jeune journaliste part à New York interviewer Allen Ginsberg l'un des grands prêtres de la beat génération, ce mouvement littéraire, artistique dont il faisait partie avec Jack Kerouac, et William S. Burroughs, à la source de la contre-culture américaine, mais aussi du psychédélisme et d'une certaine spiritualité. Il y rencontrera par hasard un mystérieux clochard céleste "Hank", qui lui ouvrira les portes de la perception intérieur.
Une BD originale qui nous fait découvrir la beat génération et la plupart de ses acteurs, pas seulement par son coté littéraire mais aussi par sa spiritualité, son engagement politique, son ouverture d'esprit. Une découverte et un voyage au rythme de la pulsation du monde, "le Beat" des Jazzmen.
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