Résumé: Danwarth Pabel est prisonnier de guerre allemand.
Capturé lors de l’offensive alliée en Normandie, il est transféré dans un des multiples camps de prisonniers construits sur le sol américain.
Là, son sort est régi par la Convention de Genève de 1929 qui stipule qu’il est soumis aux « règlements en vigueur dans [son] armée »... Ce qui ne l’arrange nullement car Pabel a toujours été résolument antinazi.
P
abel est fait prisonnier par les Alliés en 1944, lors du débarquement. Il est immédiatement transféré dans un camp de détention aux États Unis. N'ayant jamais été un sympathisant nazi, la situation ne le gêne pas vraiment. De plus, il a la conviction que le régime d'Adolf Hitler n'en a plus pour longtemps ; il se voit donc libéré très prochainement. Malheureusement pour lui, dans ce « stalag » made in USA, beaucoup ne sont pas de son avis et les différents se règlent cash. Non, la guerre de Pabel n'est pas encore totalement terminée.
Durant la seconde Guerre mondiale, les Américains ont incarcéré sur leur territoire plus de quatre cents mille soldats allemands dans sept cents camps répartis à travers le pays. Nathalie Bodin se sert de cette anecdote historique peu connue comme base à un récit-témoignage percutant et très original. Pabel est un bon gars que le sort a fait naître en Allemagne et qui s'est logiquement fait incorporer dans la Whermacht. Pacifiste dans l'âme, il se retrouve entouré de véritables fanatiques nourris aux discours de Goebbels. Dur et réaliste, le scénario restitue fidèlement cette situation dramatique, ainsi que les états d'âme du héros. Celui-ci reste un patriote dans l'âme, mais se retrouve plus qu'ébranlé quand il est confronté à l'horreur des atrocités de la Solution finale. La scénariste cerne parfaitement sa personnalité et finit son récit sur une note d'espoir bienvenue : malgré tout, la vie continue.
Graphiquement, le résultat est nettement moins abouti. Le style un peu trop propret de la dessinatrice ne parvient absolument pas à transmettre la tension et la peur dans lesquels les protagonistes sont plongés. Les personnages, la mâchoire bien carrée et propre sur eux, ressemblent plus à des gravures de mode qu'à des combattants défaits parqués comme des bêtes. Le choix de se passer d'encrage est intéressant en soi, mais, dans le cas présent, ne fonctionne pas très bien. Le rendu général est vraiment trop doux et n'arrive pas à retranscrire ces événements marqués par la violence et l'isolement.
Malgré une histoire séduisante, Au Ritz des Fritz peine à convaincre totalement tant les dessins manquent de tranchant.