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i>L’attrape-livres est consacré à monsieur Robert Laffont, et à travers lui, à la maison d’édition éponyme. La couverture est élégante, sur un fond de façade d’immeuble au fusain gris-bleu, se détache massivement une silhouette noire et rouge qui n’est pas sans évoquer un ancien hôte de l’Élysée – ce n’est pas lui. Tactilement, l’objet est agréable.
L’idée d’un retour en bande dessinée sur l’histoire de cet éditeur était plutôt séduisante. Le contenu se révèle conforme au contrat posé. Pour autant, cet ouvrage dont la parution a été relayée par la presse nationale n’a pas la saveur escomptée. La phrase attribuée à Robert Laffont, imprimée en quatrième de couverture, « une maison d’édition a une vie propre, comme un être : elle a un visage ; elle connait des crises de croissances, des déceptions, des joies. », ne trouve aucun écho dans les pages de L’attrape-livres qui, pour l’essentiel, se cantonne à un rôle d’ersatz de catalogue au profit de la maison mère. Le déroulé est tristement chronologique, pour ne pas dire linéaire, et surtout d’une fadeur incroyable. Pas un mot plus haut que l’autre dans les couloirs feutrés de cette respectable entreprise qui a aujourd’hui pignon sur rue dans le 8ème arrondissement de Paris. Où est la passion promise, espérée ? Certainement pas dans ce bouquin qui se contente de passer en revue, sans distinction, aucune, les grands noms et les titres du sérail.
Les auteurs, loin d’être des inconnus dans le milieu du 9ème art - notamment pour François Rivière -, assurent le service minimum pour honorer - le mot est sans doute ici malvenu - cette commande. Le lecteur est en effet en droit d’attendre davantage d’un livre qu’un bel habillage. N’ayant pas grand-chose à ajouter sur le contenu, il est possible de développer un brin sur l’emballage. Outre l’odeur déplaisante qui se dégage de l’objet tenu entre les mains, la fragilité de sa reliure interloque, en effet, celle de l’exemplaire que j'ai acquis n’a pas tenu le temps d’une lecture. C’est fort, alors qu’en 1977 (page 56) le miracle d’une reliure « solide est durable » est célébré ; mais nous ne sommes plus à un paradoxe près.
L’attrape-livres est un attrape-nigauds de bonne facture (elle était facile), mais il faut bien que je trouve quelques raisons à ce choix, impulsif et malheureux. Il serait dommage de s’attarder plus longuement sur ce livre, si ce n’est qu’en cette période de rentrée littéraire, il est toujours bon d’avoir quelques billes afin de séparer le bon grain de l’ivraie.