Info édition : Noté "Première édition" et "Dépôt légal à parution". Couverture souple avec rabats.
Résumé: Une plongée consciente dans le monde des cordes et du Shibari Depuis l´enfance Alice Bienassis a eu le temps d´être à la fois bombardée d´images, de sons, de modèles vivants, de téléfilms où la culture du viol apprend aux femmes à désirer être objectifiées, violentées, écrasées, dégradées. Ayant intégré comme tout le monde le désir fondé sur deux genres et leurs rapports de domination, elle se questionne, en tant que femme, sur ce que produit une pratique de bondage érotique comme le Kinbaku dans notre conscience des rapports de pouvoir, notre positionnement entre notre désir et le désir de l´autre, et des modalités de nos communications. Au travers de différents témoignages autour de cette pratique, l´autrice nous offre à voir plusieurs angles de vue. Avec ce livre, Alice Bienassis souhaite aborder les questions de pouvoir et de communication, et tente ainsi de redistribuer les cartes de nos imaginaires grâce aux cordes. Dans l´attachement à la souffrance, où se situe alors le plaisir.
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i]Shibari ou Kinbaku : bondage érotique japonais dans lequel les amateurs se ficellent comme un saucisson avec des cordes de manière esthétique et recherchée. Cet art du ligotage remonte au XVIIe siècle et était, à l’origine, destiné à codifier les règles pour bien entraver les prisonniers afin d’éviter les évasions. Avec les années et l’ennui, la pratique s’est modifiée et est devenue un moyen d’expérimentation et d’expression corporelle aux frontières du désir et du BDSM.
Adepte de ce body-macramé depuis quelques années, Alice Bienassis propose de présenter et démystifier ce passe-temps entre adultes consentants. Domination, soumission, exploration de ses limites physiques et psychologiques, Attachements se développe autour de témoignages de pratiquants et d’explications détaillées et profondes des moteurs intimes entourant ce loisir extrême. Simple curiosité, volonté de dépassement, confrontations avec ses peurs et ses désirs, etc., les raisons sont aussi multiples que contradictoires. En effet, accepter d’être attaché (ou d’attacher) une personne implique un abandon total et une responsabilité pas moins importante. Où commencer et, surtout, où s’arrêter ? Quelle est la frontière entre jeux et agression ? De plus, dans cette période post-metoo et de néo-féminisme, il est passablement difficile de justifier un hobby pas si innocent que ça et ayant des racines dans le patriarcat médiéval nippon (sans parler de la menace d’une appropriation culturelle toujours possible). Heureusement, la réflexion de l’autrice se montre totale, voire à la limite de l’abyssal par moments, mais toujours profondément honnête et pertinente.
Visuellement réussi et finement argumenté, Attachements remplit parfaitement son objectif. Activité à la marge, le shibari est évidemment une distraction particulière réservée à des participants éclairés et bien conscients du sens de leur démarche. Dans certain cas, il s’agit même d’un exutoire indispensable à sa pleine réalisation existentielle. Tout ça dans le respect et avec deux bouts de ficelles.