Info édition : DL : 4ème trimestre 2016. Format 170 x 245 mm.
Résumé: Au cours d’une visite de sa petite-fille Maialen, Marina évoque le périple qui – 80 ans plus tôt – l’a portée de l’Espagne ravagée par la Guerre civile jusqu’en France, puis au Venezuela. Ses souvenirs de l’exile se croisent et se fondent avec ceux de Sanza, Aina, Chris, Imelda et les autres qui de nos jours fuient la guerre et la violence, les mariages forcés, l’homophobie, l’esclavage sexuel.
Sous le pinceau de Javier de Isusi se déroulent les histoires de ceux qui, hier comme aujourd’hui, ont été forcés à quitter leur foyer pour sauver leur vie ou préserver leur intégrité. Des femmes et des hommes à la recherche d’un lieu où vivre dans la dignité et dont la détermination avec laquelle ils franchissent des frontières militarisées, subissent des traitements discriminatoires, survivent à la mer, au désert, aux barbelés n’a d’égal que leur aspiration à une existence meilleure.
M
aialen rend visite à sa grand-mère Marina dans sa maison de retraite. Elle voudrait en profiter pour lui demander de mettre en vente l'appartement qu'elle n'occupe plus depuis quelques années. Mais la vieille dame a une idée bien précise de ce qu'elle veut faire de ce logement. Afin de le faire comprendre à sa petite-fille, elle raconte son éprouvant parcours qui, quatre-vingts ans plus tôt, l'a vu fuir une Espagne en pleine guerre civile pour se réfugier en France et enfin au Venezuela.
Après Voir les baleines, l'Espagnol Javier de Isusi évoque de nouveau sa patrie, le pays Basque. S'il aborde un pan de l'histoire avec le coup d'état de Franco et ses conséquences sur la population civile, le vrai sujet ici est l'exil. Avec la description des souvenirs de Marina en fil conducteur, l'auteur utilise les témoignages de différents protagonistes pour illustrer les raisons et les difficultés des demandeurs d'asile. Que ce soit pour fuir la violence des combats, un mariage forcé, l'homophobie, la prostitution ou l'atteinte à la liberté d'expression, que ce soit en 1936 ou en 2012, les obstacles restent présents et les désillusions nombreuses. L'auteur n'intervient pas et laisse parler ses personnages avec authenticité et sincérité, sans complaisance ni manichéisme. Seul bémol dans le scénario, un peu manque d'informations sur la situation de l'époque, ce que lecteur profane regrettera.
Le trait au crayon fin, léger est rehaussé de couleurs à l’aquarelle : lavis gris-bleu, surligné d’aplats jaunes, camaïeux de bruns ou de verts. Cet ensemble apporte beaucoup de délicatesse et de douceur, comme une réponse à la dure réalité du contexte.
Ce récit choral fait le constat de l'épineux problème du droit et du devoir d’accueil des réfugiés. Chacun a un destin, des espoirs, des motivations et l'auteur montre que rien n'est moins important que l'entraide, car avoir une vie "normale" est finalement un privilège.
La preview
Les avis
Erik67
Le 03/11/2020 à 12:12:58
Asylum a pour thème les terres d’asile (d'ailleurs c'est même dans le titre). Il s’agit de fuir les guerres et les persécutions en tout genre qui sévissent dans de nombreux pays sur le globe. Aussi, les gens fuient pour aller dans nos démocraties occidentales qui représentent tout de même un havre de paix. Certes, le chemin ne sera pas facile et plutôt semé d’embûches. C’est l’épineux problème du devoir d’accueil des réfugiés.
C’est d’abord l’évocation d’une vieille espagnole qui a quitté son pays lors de la guerre civile qui a vu la victoire d’un général dictateur. Elle a connu un camp de concentration sur les plages d’Argelès-sur-Mer avant de s’envoler vers le Venezuela où elle vécue heureuse. Elle est revenue en Espagne avec la démocratie.
Puis, on va avoir des interludes avec d’autres réfugiés plus actuels dans une sorte de récit chorale actuellement à la mode. On se rendra compte à la fin qu’il y a un point commun avec une convergence de ces récits. Point de complaisance ou de manichéisme. C’est traité avec une certaine authenticité et beaucoup d’habileté de la part de l’auteur espagnol.
Au niveau du dessin, je regrette juste que la fille Maialen qui écoute sa grand-mère Marina ressemble à un jeune homme ce qui crée de la confusion. Pour le reste, c’est tout à fait correct. C’est surtout le pays basque qui est abordé avec son identité propre.
MediathequeMonaco
Le 30/10/2017 à 11:16:15
Mettons à nouveau à l’honneur un dessinateur basque-espagnol. Il s’agit de sa première bande dessinée traduite en français. Extraordinaire, tant par la maîtrise du scénario, que pour ses illustrations.
On est complètement happés par cette façon de raconter ces parcours de vie qui se déroulent aux quatre coins du monde et dont le fil directeur est l’appartement loué par une dame âgée de Bilbao. L’ouverture de la bd, entre cette grand-mère et sa petite fille est formidable.
C’est une bd sur l’asile plutôt que sur l’exil. Sur le refuge, sur les gestes d’humanités qui nous attendrissent et nous réjouissent. Impossible de s’interrompre dans sa lecture, tant nous sommes captivés dès la première page par cette façon d’imbriquer des histoires de vie si différentes.
La narration est au présent, le grand nombre d’histoires et de flash-back sont peut-être le seul défaut de cet album, qui au début, découpe un peu à la serpe les croisements du récit. En revanche, l’art de la narration est totalement époustouflant.
A suivre...
Nathalie