Résumé: Une banlieue HLM. Des femmes au foyer créent l'association pour se retrouver la semaine et combattre l'isolement. Mercy, l'une d'entre elles, apprend que sa mère qui vit au Kenya, est malade. Les femmes vont s'unir pour l'aider à financer son billet. Au même moment, une communauté sectaire du même quartier organise des voyages destinés aux jeunes filles kényanes... vouées au mariage et à l'excision forcée. Les deux intrigues vont se mêler...
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Les bons sentiments produisent rarement de grandes œuvres..." L'Assocation des femmes africaines illustre à merveille ce propos.
Cette bande dessinée, qui trouvera sa conclusion dans une deuxième tome, scénarisée par Swann Meralli et dessinée par Clément Rizzo emmène le lecteur dans une banlieue HLM comme il existe tant. Tout part d'une association locale animée par un groupe de six copines de toutes origines. Des intrigues vont se nouer autour d'elles, parfois à leur insu. En organisant la projection d'un film pour venir en aide à une amie, elles dérangent l'agenda électoral du maire local, petit Sarkozy aussi médiocre qu'ambitieux. Dans le même temps, elles accueillent une femmes qu'elles ignorent être victime d'une communauté évangélique locale qui organise des mariages forcés et impose l'excision aux épouses. Une jeune journaliste en quête de scoop est sur la piste d'un réseau de traite d'êtres humains qui implique la secte en question et possède des ramifications jusque dans les milieux politiques locaux.
Les thèmes abordés sont nombreux, tout comme les protagonistes. Passé une première partie séduisante comprenant, entre autres, une séquence très réussie qui introduit chacune des héroïnes. Avec une efficacité très cinématographique, les auteurs passent allègrement de l'une à l'autre, les présentant avec naturel et simplicité.
Malheureusement, une fois les premiers enjeux présentés, le récit s'emballe. Les péripéties s'enchaînent sans laisser au lecteur le temps de respirer. Certains passages tombent complètement à plat, à commencer par celles impliquant le maire, rendu tellement caricatural qu'il en devient insupportable.
Ce livre a pourtant tout pour attirer la sympathie. Le graphisme de Clément Rizzo rappelle le style d'Etienne Davodeau, particulièrement adapté à ce genre de récit mâtiné de chronique sociale. Les sujets abordés sont aussi intéressants, à commencer par les dérives sectaires de certaines antennes de l'Eglise Évangélique. Rappeler que certaines pratiques d'un autre âge sont aussi une réalité en Europe reste d'utilité publique. Il y avait largement de quoi nourrir un bon scénario, mais il aurait fallu épurer, se concentrer sur l'un ou l'autre élément et le développer convenablement, sans sacrifier les personnages en cours de route.
En refermant ce livre, c'est plus la frustration qui prévaut. Il y avait matière à une histoire enlevée, mais avec un fond de gravité. Le résultat n'est pas à la hauteur.