Info édition : Avec 15 pages de bonus : "Le Journal de l'Arpenteur". L'ISBN à l'intérieur de l'album est différent de celui du 4e plat : 978-2-7234-6505-2.
Résumé: Qui est Arzak ? Que cherche t-il ? D’ou vient-il ? L’album de 1977 ne le dit pas...On ne connaît de lui que son visage brûlé par les vents du désert, sa grande cape et son chapeau en forme de cône. On sait qu’il chevauche un curieux volatile d’un blanc éclatant. Ensemble ils survolent un univers de fin du monde, aux perspectives désolées et stériles. Ils y croisent les lambeaux d’une civilisation engloutie. Ils traversent des situations absurdes, aux prises avec une faune et une flore tour à tour cocasses, inquiétantes et mortelles.Mœbius répond aujourd’hui à l’appel muet de ce mystérieux héros. Il lui redonne la parole, l’humanise. Le plonge dans des aventures qui révèlent au lecteur l’origine des secrets du monde dans lequel il évolue.L’Arpenteur est le premier tome d’une aventure qui en comportera trois.L’histoire s’ouvre sur deux actions apparemment sans aucun lien entre elles.La première nous emmène dans l’espace profond où un vaisseau de la confédération Dessmez est attaqué par Kimorg Barbax, le redoutable pirate.La deuxième se déroule sur Tassili, la planète d’origine des Wergs. L’ancienne race dominante a été vaincue par l’avancée irrésistible de la confédération Dessmez dans sa conquête humaine de la galaxie. Tassili, ruinée, désertique et abandonnée de tous, peuplée d’une maigre colonie humaine, se meurt doucement.La mission d’Arzak consiste à arpenter sans fin ce territoire chaotique pour y traquer l’anomalie et assurer l’ordre humain. C’est dans l’accomplissement de cette mission qu’il découvre un odieux trafic perpétré à l’encontre des survivants Wergs. Arzak entame son enquête ; il traversera épreuves et dangers, découvrira les secrets de Tassili et plongera dans les abîmes des passions de l’âme humaine…Le monde d’Arzak est maintenant un livre ouvert et Arzak en est le héros.Le mythique Arzak a laissé une empreinte inoubliable dans l’univers de la bande dessinée et continue trente ans après, à être lu dans le monde entier. Ce nouvel album d’Arzak est une coproduction des éditions Mœbius Productions et Glénat.
A
u début des années 70, Moebius révolutionne la bande dessinée en produisant Arzach. Il est dans sa période free jazz et ce projet en est la transposition graphique. Son thème principal, son exposition, ses multiples variations se perdent comme un écho dans la profusion des improvisations.
En 2010, le maitre remet en scène son personnage fétiche, l’icône qui l'a accompagné durant toute son œuvre au détour d’une sérigraphie, d’un ex-libris, d'un dessin animé ou d’une affiche de festival. Sa signature.
Deux versions ont été proposées. En début d’année une édition limitée, en noir et blanc, muette, et cet automne, l’album grand public en couleurs avec phylactères et récitatifs. Malheureusement, aucune des deux versions n’est la bonne.
Dans Arzak, le verbe est un "restricteur" des possibles. Transposition des westerns hollywoodiens dans l’univers moebiusien, le scénario en lui même est sans grand intérêt. À la limite, peu importe : créer du sens n’est pas ce que l’on demande à cet auteur. Ce cheminement est la part réservée au lecteur, son travail et son plaisir intime. Ce que l’on attend de Moebius c’est de créer, au gré de ses vagabondages, une matrice, l’amorce et le réceptacle de nos projections fantasmatiques. Dès lors, vouloir structurer le récit par des paroles est vain. Hors sujet. La preuve en est donnée par la version muette, parfaitement lisible et intelligible. Intégrer du texte à l’album ne fait que défigurer les planches, avec pour contrepartie la mince consolation de connaître, peu ou prou, le nom des protagonistes.
Non. Moebius est le réel arpenteur des mondes et Arzak est son carnet de route. C’est une poésie. Une invitation au voyage avec ses correspondances, ses vivants piliers, ses forêts de symboles, ses rochers de cristal et ses bijoux sonores. Un monde rayonnant de métal et de pierre où le son se mêle à la lumière. Nul besoin d’une trame textuelle pour étayer une intrigue bien mince. Giraud le disait lui-même en 1976 en parlant de sa création : « Je vais vous expliquer pourquoi je fais des bandes dessinées sans scénario […] En fait c’est très simple : d’une part il y a tout ces raconteurs d’histoires... À chute, à exploit, à messages, à moral, à gag […] Il n’y a aucune raison pour qu’une histoire soit comme une maison, avec une porte pour entrer, des fenêtres pour regarder les arbres et une cheminée pour la fumée… On peut très bien imaginer une histoire en forme d’éléphant, de champ de blé, ou de flamme d’allumette soufrée ».
Dans l'idéal, l’édition qui aurait dû être publiée est la version couleur, grand format et muette. Avec peut-être, comme dans la version noir et blanc, un récitatif en page de gauche, plus ou moins long, pas nécessairement dans un alphabet connu, qui aurait servi de curseur pour évaluer la quantité de temps ou d’action qui se déroule.
Reste la partie graphique. Comme une fin de cycle, la schizophrénie Giraud-Moebius se fait de plus en plus ténue et la fusion des deux personnalités plus patente. C’est l’occasion de représenter les vertigineux canyons de Blueberry sous des angles de vue inédits. Les influences amérindiennes et mexicaines envahissent avec ravissement ce monde de science-fiction. Mais, souvent inégales les cases riches, fouillées, lyriques alternent avec d’autres plus simplifiées qui, au-delà d’un dépouillement volontaire, sont parfois maladroites. Le trait se fait parfois hésitant, épais, pâteux et les détails absents. C’est que durant la réalisation de l’album, Moebius a eu quelques soucis de santé. Au point que, mécontent du résultat, il a redessiné a posteriori certaines planches qui, malheureusement, ne sont pas présentes dans l’ouvrage définitif. Le lecteur se prend alors a rêver d’un Arzak dessiné par le maître au sommet de sa forme.
Version album
Version redessinée, non publiée
Les avis
Eric DEMAISON
Le 13/11/2020 à 21:06:48
Ne pas trop chercher l'histoire, ni la cohérence, mais se laisser porter par la beauté du monde décrit, par les personnages principaux, par la mise en page et parfois la mise en abimeen abime.
Cet ouvrage ressemble à une quête où chacun retrouvera en fonction de lui-même des émotions (ou pas). C'est aussi cela la lecture tout simplement ouvrir des portes et laisser l'imagination ou le rêve vagabonder.
Jozef
Le 11/09/2020 à 09:25:24
Un dessin moyen, des couleurs affreuses, une histoire un peu confuse sans grand intérêt et c'est un premier tome donc on reste sur sa fin... Moebius est décédé en 2012. Il fallait laisser le mythique personnage d'Arzach à sa place dans les années 70.
Hugui
Le 02/10/2010 à 11:24:03
Plus fan de Giraud que de Moebius, je suis rentré dans la lecture d'Arzak un peu à reculons, d'autant que je n'avais pas lu Arzach à l'époque et ne suis donc pas du tout sensible au mythe.
Et bien ce sacré Gir. m'a encore eu et je me suis pris au truc ! Ce n'est pas que l'histoire de l'arpenteur cherchant à surveiller les anomalies pour éviter une guerre entre les Wergs et les humains soit follement originale, mais l'ambiance de ce voyage en flottant sur ce bel oiseau mécanique et cette lutte vaine entre deux peuple que le héros essaye en vain d'éviter, ce dessin à la fois très simple et très sophistiqué, on rentre dans ce monde absurde qui ressemble tant au notre, et on en redemande.
Peut-être pas le chef d'oeuvre, mais le Maître est encore là.
DixSept
Le 30/09/2010 à 21:57:23
Des canyons arides abritant les cimetières Wergs, à la tour de la délicieuse Azaelle Zoom, Arzak l’Arpenteur parcoure inlassablement Tassili à la recherche de l’Anomalie (!). A des parsecs de là, un vaisseau Dessmez tente un ultime saut dans l’hyper-espace pour finalement échouer, exsangue, aux portes de cette même Tassili….
Graphiquement, cet album est une chimère née de l’imagination débridée de Doctor Moebius alias Mister Giraud De fait, en parcourant les planches d’Arzak, il est impossible de ne pas faire le rapprochement entre ces deux mondes, graphiquement si différents mais, ici, si complémentaires : d’un coté, l’épopée solitaire d’un arpenteur qui s’apparente furieusement aux chevauchées tout aussi solitaire d’un certain lieutenant, de l’autre, un space-opéra rétro-futuriste pour le moins surprenant.
Moebius initie nos rêveries déambulatoires sur Tassili et… notre bienveillante nostalgie fait le reste.
Un (très) bon moment de lecture.