Résumé: L’incroyable destin de la première femme peintre officiellement reconnue par l’Académie. Épaulée par le dessin sublime de Tamia Baudouin, Nathalie Ferlut nous emmène sur les traces d’une artiste hors du commun.
Lorsque Artemisia Gentileschi pousse son premier cri, le Caravage commence à développer son art magnifiquement ténébreux. La peinture est alors un art réservé aux hommes : une femme ne peut ni entrer à l’Académie, ni signer ses toiles, ni être payée pour elles. C’est pourtant ce que l’une d’entre elles va faire… Sa force lui permettra de triompher de tout et de tous, et de révéler au monde une peinture dont la puissance n’a rien à envier à celle des hommes.
A
rtemisia Gentileschi (1593 – 1656) fait partie de ces femmes qui, au fil des siècles, ont osé se battre pour exister en tant qu’être humain à part entière. Devenue, à juste titre, une icône révérée par le mouvement féministe, elle ne se posait pas en militante (une idée impensable à son époque). Sa seule demande était la possibilité de pouvoir vivre comme elle le désirait, un pinceau à la main. Artiste de grand talent formée par son père, elle a été la première femme à être acceptée à l’Académie du dessin de Florence. Grâce à cet honneur, elle pût prendre en charge sa carrière (y compris gérer ses finances) dans une Italie et une Europe où les gentes dames étaient considérées au mieux comme des citoyennes de seconde classe.
Portrait biographique puissant et très documenté, Artemisia retrace la vie de la célèbre peintre de la Renaissance. Son enfance et son apprentissage des couleurs dans l’atelier familial, son viol par Agostino Tassi et le terrible procès qui suivit, le mariage de circonstance nécessaire pour « laver » son honneur et, finalement, la gloire sous la protection de puissants mécènes (les Médicis et, plus particulièrement, l’implacable Christine de Lorraine). Trajectoire sociale admirable faite d’une lutte de tous les instants ? Oui, mais ces épreuves ne sont que broutilles face au vrai combat de son existence : l’Art.
En effet, même si le message social reste central tout au long du scénario, les auteures mettent intelligemment en exergue la réelle énergie qui animait Artemisia : créer, concevoir, réfléchir à une nouvelle toile ou estimer de la qualité d’un pigment. Le trait fragile de Tamia Baudoin retranscrit d’une manière presque voilée et toute en nuances ces doutes permanents. Les tracas quotidiens prennent souvent le dessus, mais, en arrière-plan, c’est bien cette « mission » artistique sur laquelle tout repose.
Habilement construit autour de nombreux retours en arrières successifs, parfois un peu bavard et ampoulé, mais d’une sincérité et reflétant une admiration jamais démenties, Artemisia se lit d’une traite. Cet excellent hommage dessiné aux échos universels devrait parler à tous les amateurs d’Histoire, aussi bien de l'Art que des Genres.
La preview
Les avis
Erik67
Le 21/12/2020 à 15:35:55
Ni le récit, ni le graphisme ne m'ont guère convaincu. La lecture s'est tout de suite révélé assez pénible et fastidieuse. Le dessin m'a paru assez fade, naïf et parfois les traits disproportionnés. Tout cela est très figé comme gravé dans du marbre.
Il s'agissait de faire le portrait d'une féministe avant l'heure à savoir l'une des plus grande artiste peintre italienne du XVIIème siècle. Le sujet aurait pu être intéressant avec une autre mise en scène.
Dans le même genre et sur le même sujet mais avec une plus incontestable réussite, il y a le manga Arte que j'adore. Oui, c'est un manga mais mieux vaut quelque chose de bon que de mauvais et quelque soit le support.
morrue
Le 27/01/2019 à 20:48:25
Le sujet de l’oppression de la femme est traité très justement. Sans en rajouter dans le pathos mais pourtant on sent l'implication toute particulière des autrices sur la question. C'est décisivement un album féministe, et ils sont assez peu pour le souligner. En tant que femme ça fait du bien de voir ça. J'ai trouvé tout bien achalandé, le découpage des cases, la recherche faite sur les décors. La science de la narration est mise à l’œuvre dans cet album, c'est très vite prenant et rien ne bute dans le découpage des cases ou sur les changements de temporalité.