L
'univers est dominé par deux puissantes sociétés commerciales qui s'affrontent dans un combat sans merci. C-Coke contre P-Soda : vrais capitalistes contre pseudo-altermondialistes. Dieu est une déesse : la Matriarca, qui envoie sa fille pour rétablir la paix. Selon la prophétie, la mission incombe en effet à une jeune vierge. Mais il y a un problème : la jeune fille en question, Ari, aime un peu trop la baston pour une pacificatrice, et surtout, la chasteté n’est pas sa vertu principale…
Le quatrième de couverture annonce « de l’action, des sales types, des planètes mystérieuses, des robots, de l’amour ». Curieusement, il manque l’essentiel : de l’humour. Si ce dernier pourrait ne pas plaire à tout le monde, il demeure en tout cas le principal intérêt de cet album : le reste est totalement secondaire et n’est que prétexte à gags coquins et répliques pas toujours teintées du meilleur goût.
Certes, il faut aimer et l’humour placé très en dessous de la ceinture (« ce que tu viens de bouger, ce n’est pas une jambe n’est-ce pas ? »). Attention, on n’est pas dans la gamme pipi-caca-coquin du Petit Spirou, mais plutôt dans l’artillerie lourde : hormis deux ou trois répliques subtiles, les dialogues empruntent aux discussions de corps de garde. Amis de la poésie…
A côté de ces morceaux de bravoure, on remarque bien quelques critiques de la société capitaliste, présentées à la manière d’un Paul Verhoeven dans Starship Troopers. Une référence cinématographique peut-être inconnue du public probable de cet album, qui ne l'empêchera pas de savourer l'aspect parodique. Il se délectera de toute façon du dessin d’inspiration manga : trait nerveux, planches saturées, cadrages dans tous les sens, le tout souligné par des couleurs acidulées. Bref, un graphisme généreux et fatigant, aussi outrancier parfois que le scénario : l'ensemble est homogène.
En résumé, Ari ne fait pas dans la dentelle et le lecteur à la recherche d’une véritable histoire en sera pour son compte. En revanche, il pourrait bien faire le bonheur des ados planqués au fond de la classe près du radiateur. Et si vraiment ils veulent savoir la fin, la deuxième partie paraîtra dans quelques semaines : de quoi tenir jusqu’aux vacances…