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eux étudiants en médecine se font expulser de Lilibridge, direction le bagne. S'en suivent des aventures à rebondissements qui les amèneront à rencontrer, outre un Che Guevara à la mode locale et son convoi de saltimbanques, des animaux pour le moins bizarres, un ancien professeur porté sur les hallucinations collectives, quelques sirènes un peu farouches et, finalement, le dormeur des profondeurs qui leur dira tout sur les origines de leur monde, l'archipel.
Archipel installe un univers indéfinissable, impossible à situer dans le temps ou l'espace tant ses références sont multiples : des villes à l'architecture délicieusement surannée, de tranquilles ports de pêche subitement dévastés par de mystérieux raz-de-marée, des établissements scolaires où on se livre à des expériences plus que douteuses... Sans oublier des inventions qui paraîtront quelque peu désuètes alors que d'autres engins plus sophistiqués rappelleront au bon souvenir de Jules Verne, ou plusieurs tenues vestimentaires plutôt modernes alors que certains portent des perruques qui devaient être très en vogue à la Renaissance...
Malgré toutes ces bizarreries, l'univers mis en place par les auteurs est fort cohérent, à condition toutefois de se laisser porter par l'impression de rêve qui ressort du dessin de Barbay. Son style nerveux, impeccable dans la représentation de personnages aux traits marqués et de décors envoûtants, se fait plus esquissé et s'accompagne volontiers de couleurs toujours plus psychédéliques pour illustrer les songes du héros, véritables clés d'une histoire en tous points captivante.
Alors que Corbeyran peut décevoir en exploitant l'univers du Chant des Stryges jusqu'à la corde, alors qu'il accumule les séries d'une qualité inégale, il serait bon de s'attarder un peu plus sur certaines de ses productions "annexes" qui, elles, n'ont rien perdu de leur charme et de leur originalité. Archipel en fait assurément partie.
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