Info édition : Avec 12 pages de croquis en fin d'album. Dimensions 320 x 212mm.
Résumé: La planète est morte mais les plus riches ont survécus en partant vers les étoiles. C'est le point de départ de ce récit dystopique brillamment conçu par Van Jensen et le dessinateur prodige Jesse Lonergan.
La société humaine s'est effondrée, dévoilant le projet d'un groupe de milliardaires : une arche spatiale en partance pour la planète habitable la plus proche. L'Arca est un navire dont le luxe n'a d'égal que la richesse de l'élite qu'elle est destinée à sauver. Les besoins de ses passagers sont satisfaits par de jeunes adolescents réduits en esclavage contre une promesse : celle d'une nouvelle vie dans un monde nouveau. Mais depuis le coeur de l'Arca la jeune Perséphone, découvre que l'avenir qui se dessine pour elle et ses compagnons d'infortune est tout autre. Elle va devoir faire face aux maîtres du vaisseau, prêts à tout pour préserver leurs privilèges.
Écrit par l'auteur primé Van Jensen (Green Lantern Corps, Superman: Man of Tomorrow chez DC Comics, Two Dead en compagnie de Nate Powell) et dessinée par le prodige de la narration visuelle et du découpage Jesse Lonergan, acclamé pour ses travaux sur Hedra, Planet Paradise chez Image Comics et Miss Truesdale and the Fall of Hyperborea avec Mike Mignola.
" Arca est un concentré des thématiques que l'on aime retrouver en SF aujourd'hui, qui parle de fin du monde, de contrôle et de domination, mais qui n'oublie pas de mettre entre les mains des générations futures l'énergie de tout changer. "
Mathieu bablet (Carbone & Silicium, Shangri-La...)
E
t s’il était déjà trop tard ? Et si la Terre était déjà irrémédiablement condamnée ? Voici ce à quoi a songé une poignée d’hommes et de femmes riches et talentueux. Pour sauver l’humanité, ils ont fondé l’Arca, une sorte d’arche de Noé, et sont partis en direction d’Eden. C’est le nom qu’ils ont donné à la plus proche planète habitable qui pourrait croiser leur route, non-identifiée et qui demeure, donc, plus un rêve qu’une destination. Dans le vaste vaisseau, tous les besoins primaires des centaines d’habitants sont satisfaits : plateforme médicale, cuisines ou encore gymnase et amphithéâtre. Les passagers sont par ailleurs divisés en trois groupes bien distincts : les Citoyens (qui ont conçu et financé l’Arca et la dirigent depuis son départ), les Assistants (qui assurent la sécurité) et les Pionniers (des enfants et adolescents). À bord, ce sont ces derniers qui assurent toutes les basses besognes : cuisine, mécanique, service, nettoyage. Exploités, ils accomplissent leurs tâches avec obéissance en attendant patiemment leur dix-huitième anniversaire. À ce moment-là, ils obtiendront leur certification et deviendront des Citoyens. Alors qu’elle approche de sa majorité, Effie réalise toutefois qu’elle n’a jamais revu aucun des anciens Pionniers qu’elle a connus…
Y a-t-il encore matière à imaginer des récits de science-fiction innovants ? Il serait légitime d’en douter, tant le genre fait couler d’encre. Van Jensen et Jessie Lonergan démontrent, toutefois, que tout n’a pas encore été dit. Publié aux États-Unis en juillet 2023 par IDW, Arca ou la nouvelle Eden est amené de ce côté de l’Atlantique par 404 Graphic (The Blue Flame, Le dernier jour de Howard Phillips Lovecraft, Au-dedans). Et c’est une bonne pioche de plus pour la maison d’édition, qui privilégie qualité à quantité avec cinq à six titres par an en moyenne.
Le cadre de l’histoire fait immédiatement penser à Shangri-La (le bijou signé Mathieu Bablet) : les humains sont forcés de quitter une planète Terre qu’ils ont rendue invivable et toutes les péripéties se déroulent dans l’espace, au sein d’un gigantesque engin devenu une micro-société. Dans cet univers, le scénario met particulièrement en scène un groupe d’individus réduit à une condition d’esclaves. L’asservissement et l’avilissement sont ainsi au cœur des réflexions, de même que le conditionnement des masses. Les leviers d'une domination en apparence non violente et parfaitement acceptée sont, ainsi, soigneusement disséqués entre les lignes. Mais il est également question d’émancipation (notamment par le pouvoir des livres) et de désobéissance. Cette dimension s’appuie alors sur des personnages au tempérament affirmé (malgré leur âge) et sur un rythme allant crescendo. Finalement, la lecture semble pointer vers une conclusion évidente en forme de message d’espoir adressé aux jeunes générations : il n’existe pas de fatalité.
Pour mettre en image ce récit, le dessinateur a privilégié la lisibilité. Manquant, peut-être, d’une ou deux scènes grandioses (encore que), les planches sont marquées par un dessin spontané, faussement tremblotant. Le trait épais donne un côté particulièrement percutant à l’ensemble. Les choix graphiques, et notamment les couleurs, permettent par ailleurs de s’éloigner du gros de la production anglo-saxonne et pourraient permettre à ce copieux (mais très digeste) one shot de plaire à un public plus large que le lectorat « comics » habituel.
Séduisante œuvre de SF, Arca ou la nouvelle Eden trouve le parfait équilibre entre déploiement d’une intrigue prenante et propos engagé.
La preview
Les avis
MAL75
Le 31/03/2024 à 10:05:47
Le thème de la nef avec les survivants d’une humanité à l’agonie est connu. Cette histoire est bien menée, le dessin est original, et ça se lit avec intérêt jusqu’à la dernière page.
De la bonne SF.