Résumé: Printemps 1666, la peste sévit à Londres. À quelques centaines de lieues dans un village de la campagne anglaise, un jeune lord désargenté, Hayden Springworth, est fasciné par un phénomène météorologique jusqu'alors inexpliqué : les arcs-en-ciel. Hayden part à l'aventure dès qu'il en aperçoit un car Poppy, sa vieille nourrice irlandaise, lui a assuré que de monstrueux lutins, les Leprechaun, cachent des chaudrons remplis d'or au pied de ces arcs colorés. Cette vision empreinte de légende et de magie va se confronter à la réalité quand Hayden fait la connaissance d'Isaac Newton, qui lui expose ses travaux en cours sur la lumière. Bientôt, la rigueur scientifique balaye toutes les peurs de l'adolescent et alimente sa soif de connaissance. Envoyé dans le Béarn pour devenir maître-frappeur de monnaie, comme son père avant lui, Hayden est bien décidé à continuer ses recherches pour découvrir le secret des arcs-en-ciel avant Newton. Mais sa rencontre avec une étrange jeune fille qui semble avoir le pouvoir de faire tomber la pluie partout où elle se rend va bousculer ses certitudes. Une rencontre fantastique et colorée entre la science et la magie !
C
ampagne anglaise, 1666. Abreuvé des légendes de sa gouvernante irlandaise, le jeune lord Hayden Springworth chasse les arcs-en-ciel au pied desquels il est convaincu que les leprechauns ont caché un trésor. Lorsqu’il croise Isaac Newton, le scientifique lui explique qu’il s’agit là d’un banal effet d’optique. L’adolescent se lie au savant et l’assiste dans ses travaux, jusqu’à ce que son père, revenu d’un long voyage, lui confie une mission dans le Béarn. Y poursuivant ses études sur le phénomène météorologique, il sympathise avec la Pleuveuse, laquelle emporte les intempéries partout où elle va.
Cédric Mayen propose un agréable conte où s'affrontent la raison et la superstition. Le récit a du reste la structure d’une quête initiatique. Couvé par sa mère, le gamin tarde à vieillir ; sa rencontre avec la science et la connaissance amorce toutefois une transformation.
Le cheminement du garçon pourrait également être vu comme la mise en abyme d’une civilisation occidentale toujours sous l’emprise des mythes et de la religion, mais qui sera sous peu éclairée par les Lumières. Facétieusement, le scénariste brouille les cartes avec un dernier acte dans lequel il intègre une forme de sorcellerie. Comme quoi, le monde n’en a jamais totalement fini avec l’obscurantisme.
La question de l’argent apparaît omniprésente. D’abord sous la forme de trésors censés se trouver aux pieds des arches colorés. Ensuite, par le mandat du protagoniste consistant à superviser la frappe de fausses pièces par la Monnaie béarnaise, pour ainsi soutenir les réseaux protestants actifs dans l’Hexagone. La richesse se révèle cependant une chimère ; le bonheur est ailleurs, dans l’érudition et l’amour.
L’intrigue est défendue par un héros éminemment sympathique et attachant. Véritable chevalier, il triomphe avec le savoir plutôt qu’avec l’épée. Profondément humaniste, il fait de cette fable une ode à la tolérance.
Roberto Ricci (Urban) et Laura Orio se partagent les illustrations. Le premier s’est chargé du scénarimage et la seconde de la colorisation ; les crayonnés et l’encrage semblent être réalisés à quatre mains. L’ensemble est porté par un trait caricatural traduisant habilement la fantaisie du propos. Le produit rappelle, jusqu’à un certain point, Le Royaume, de Benoît Feroumont.
Amusante astuce, chacun des chapitres est dominé par une des teintes de l’arc-en-ciel. Le premier volet, celui de la naïveté, adopte le violet (avec beaucoup de rose), le traversée en bateau se couvre de bleu, les affrontements sont nappés de rouge, etc. Il aurait été intéressant que l’épilogue se vête de blanc, fruit de l’addition de toutes les couleurs traversées par le paladin. Une chose demeure cependant : rarement les pigments auront joué un rôle aussi significatif dans la narration. Le résultat se montre par moments déconcertant et donne à certaines planches une allure psychédélique qui, au final, est assez chouette.
Un album qu’apprécieront les amateurs des contes moraux du regretté Hubert (Beauté, Le Boiseleur, Peau d’homme).
La preview
Les avis
Erik67
Le 25/11/2023 à 08:28:07
Une bien belle histoire qui s'intéresse à un chasseur d'arc-en-ciel dans l'Angleterre du XVIème siècle qui s'éveille à la science. On va y rencontrer le fameux Isaac Newton dont la théorie sur la gravitation est devenue une loi universelle expliquant l'attraction universelle.
Il s'agit au début d'opposer les croyances archaïques d'un jeune Lord anglais baigné dans le folklore local avec les dures lois de la science qui ne laisse pas de place à la poésie de l'âme.
Il sera envoyé dans le Béarn en qualité d'espion de la couronne afin de succéder à son père. Il en profitera pour mener encore plus de recherches sur les arcs en ciel jusqu'à sa rencontre avec la fille de la pluie.
Sur le plan graphique, j'ai adoré que les différents chapitres reprennent les couleurs de l'arc-en-ciel pour une véritable audace au niveau de la tonalité. Graphiquement, c'est soigné et recherché.
J'ai adoré la révélation finale sur le secret de l'arc-en-ciel car c'est un véritable message d'amour contre la cupidité et la stupidité humaine.
Au final, un très beau conte à faire découvrir aux enfants. Les parents aimeront aussi, c'est le gros avantage !