Le 27/02/2023 à 07:34:40
Le cinquième tome relate la vie de sa famille après l'enlèvement de Fadi, son plus jeune frère, par son père. On se situe désormais dans les années 1992-1994. Riad a 14 ans et ses cheveux blonds ont disparu laissant place à un physique plutôt ingrat puisqu'il a été désigné comme le garçon le plus laid de sa classe. On notera au passage l'inaction de la police française qui ne prend pas au sérieux les femmes mariées. Je m'imagine à la place de cette mère désemparée à qui on enlève son garçon. Pour moi, l'attitude du policier relève de la grave faute professionnelle justifiant un licenciement sur le champ. Mais à la place, on lui rétorque qu'elle peut être poursuivie pour outrage à agent de la force publique, simplement parce qu'elle est insistante à ce qu'il fasse son boulot correctement. On se rend compte que la police détient bien des pouvoirs. C'est un véritable déchirement dans la vie de l'auteur. La période de l'adolescence est également celle du questionnement amoureux. J'ai effectué le rapprochement avec son film « les beaux gosses » et surtout avec sa dernière série en date à savoir « Le jeune acteur » où il est question du jeune Vincent Lacoste, timide et complexé, qui n'avait jamais imaginé être acteur. On se rend compte que c'est sa propre vie. Il y a également la vie de famille à organiser surtout après l'enlèvement du jeune frère. Tous les moyens seront d'ailleurs mis en œuvre pour le retrouver. Sa mère usera de tous les moyens légaux pour récupérer son fils. Elle se rend compte de son erreur de vie avec cet homme fourbe et elle s'en veut de ne pas avoir suffisamment protéger son plus jeune fils. Malheureusement, elle se tournera également vers des charlatans qui la plumeront en exploitant sa peine. Il y a toujours cette alternance entre des passages plutôt drôles et d'autres qui sont plus mélancoliques. Cela reste d'une sincérité magnifique. A noter également des passages un peu plus mystiques dont certains peuvent faire peur. L'ombre du père plane incontestablement sur ce tome. Le dessin est toujours aussi chouette et cela apporte beaucoup au récit entre souvenirs et petites anecdotes. C'est toujours aussi captivant même si cela dénote un peu par rapport aux tomes précédents. Il fallait sans doute apporter une autre touche afin d'explorer toutes les facettes de ce personnage qui évolue avec le temps qui passe. Il y a toujours cette merveilleuse part d'humanité qui le rend si touchant. Je partage également le regard de l'auteur sur les mythes fondateurs des religions dont il a relevé les deux points communs à savoir la haine de la liberté sexuelle et la domination de l'homme sur la femme. Je suis en phase avec ce qui constitue une lutte contre l’obscurantisme religieux et une liberté d'expression. J'espère toutefois que notre auteur ne va pas subir toute la haine qui a été dirigé contre l'écrivain Salman Rushdie pour ses versets sataniques. Beaucoup de finesse, de respect et sans aucun doute de dignité. Magnifique au final ! Encore un album au top ! Bref, tant au niveau du dessin que du scénario et des dialogues, c’est un sans-faute qui vous remue. Il sera difficile de faire mieux dans le genre.Le 30/10/2021 à 18:11:59
En parallèle de sa triste histoire familiale, Sattouf raconte ses années collège au début des années 90. Qu'est-ce que ça m'a fait rire ! Pour avoir eu le même âge que Sattouf à la même époque, je me suis totalement retrouvé dans la description de cette période. Michael Jordan, les Bulls, Nirvana, NTM, les doudounes Chevignon, les petites histoires sentimentales du collège, les premières boum ... il ne manquait que l'OM de Papin et Waddle et tout y était ! Mention spéciale aux différents catégories d'élèves du collège (les "très beaux", les "moyennement beaux" et les "moches") qui faisait qu'on était un "dominant" ou un "dominé". Ha ha ha ! Mais c'était tellement ça !Le 24/03/2021 à 18:51:12
Avis donné sur les 5 premiers tomes. J'ai adoré les deux premiers, j'ai aimé le troisième et puis cela s'effiloche au fil des tomes suivants. Le regard faussement naïf s'estompe progressivement pour faire place à un point de vue plus construit qui est celui de l'adolescent. Mais j'ai un peu l'impression d'une sauce que l'on délaye et qui perd en saveur. Pour que cette série devienne culte il faut aussi penser à la finir. Je conseille à ceux qui aiment de lire "Coquelcot d'Irak" de Brigitte Findakly et Lewis Trondheim biographie profonde et tendre en un tome sur un sujet proche.Le 23/01/2021 à 15:05:59
Je découvre. Je viens de me faire toute la série, du 1 au 5. Et je conseille absolument !!! Bon, bien sûr, s'il n'y avait pas le bouche à oreille et le succès de librairie, ce n'est pas le dessin qui aurait pu m'accrocher. Mais peu importe. Pour raconter sa vie, il faut penser que ça peut intéresser les gens, qu'il y a matière. Et là, bingo... une enfance et une adolescence très particulières, une double culture, un double regard, un double étonnement. L'école, les enfants, les adultes, les jeunes, les sociétés si différentes, la place (ou non) des religions, le poids des traditions et de la famille, les préjugés, les clichés, les à priori, la découverte de la vie, des autres, parfois la peur, l'inquiétude... C'est drôle ou dramatique selon les moments, mais jamais dramatisé. Riad Sattouf prend les yeux de l'enfant puis ceux de l'ado, il voit, il découvre, il s'étonne parfois, il relate, il constate. Mais il ne juge pas, l'enfant se souvient, il raconte, c'est tout, ce n'est pas le rôle de l'enfant de porter un jugement, et certainement pas sur ses parents ; tout juste un regard un peu plus critique quand il avance dans l'adolescence. Mais jamais manichéen. Drôle ou émouvant parfois, passionnant toujours. Vivement la fin !Le 09/01/2021 à 19:31:50
On finit de lire ce 5ème opus et on n'a qu'une envie c'est lire le prochain. Un album totalement sur l'adolescence ! Le travail de Riad Sattouf est un magnifique retour sur la société et la culture des années 90 : une vraie "madeleine de Proust".Le 16/11/2020 à 15:20:45
Autobiographie romancée, le chef d'oeuvre en cours de Riad Sattouf s'étale sur des centaines de pages : comme toujours avec Sattouf on prend des coups de poing tout le temps : personne n'est innocent, personne n'est adulte, c'est lui, c'est eux, c'est nous, et on prend tous cher.Le 19/10/2020 à 23:14:11
J'ai commencé par ne pas accrocher... C'est quoi ce truc que TOUT LE MONDE trouve génial ? Effet de mode ? Véritable chef d'oeuvre ? Alors je m'y suis plongé avec grand grand mal... Ah ce trait qui semble laborieux, maladroit, trop simple. Et, au bout d'une quarantaine de pages, j'ai perçu que ce dépouillement servait une histoire douloureuse, dont LA force est de raconter, de façon plate, des événements perçus par un enfant, avec une innocence qui laisse une vraie place au lecteur. C'est en effet ce dernier qui fait le boulot d'interprétation, qui évalue, qui analyse, qui se fait son opinion. Et c'est cette rencontre entre l'enfant, l'Histoire et le lecteur qui fait le truc et laisse une empreinte durable à cette lecture. Pour moi, cette série trouve une place très particulière dans l'abondante offre de BD francophone. Mais je conçois parfaitement qu'on puisse détester ou ne pas accrocher. Un conseil ? Empruntez-le, essayez, et voyez par vous même.BDGest 2014 - Tous droits réservés