A
l’orée de la mort, la poétesse Park Yi-Kyung se souvient de sa première rencontre avec la compositrice Lee Jung-Soon qui lui permit de se lancer dans le monde littéraire avant de disparaître en Corée du Nord. Six ans après et bien qu’il lui ai signifié ne pas s’intéresser à elle, Yun-Sook soupire encore après K. et voit ses rêves s’effondrer quand il lui annonce son déménagement. Recevant un gâteau acheté par une jeune femme pour l’amie qu’elle attendait et qui n’est pas venue à leur rendez-vous, Seung-Hee se remémore ces moments de dégustation passés avec son ex-copain. Rentrée dans son village natal après quatorze ans d’absence, Si-Ahn se voit confier pour quelques jours la garde d’une ancienne camarade de classe devenue handicapée à la suite d'un accident ; le passé ressurgit alors avec une vivacité douloureuse…
Printemps, été, automne, hiver, les longues heures des après-midi s’égrènent mollement, laissant aux âmes le temps d’exprimer leurs sentiments en tâtonnant parfois maladroitement ou de s’abandonner à leurs souvenirs. C’est à l’exploration de ces instants particuliers, souvent essentiels, que nous invite Han Hye-Yeon à travers ce manhwa. Découpé en quatre récits, Après le zénith livre des histoires très différentes les unes des autres finalement liées par leur seul cadre, l’après-midi, et par une certaine solitude commune aux personnages. Chaque nouvelle est développée avec finesse et habileté, ménageant les effets et le suspense, en particulier dans la dernière, tout en évitant l’écueil des retournements de situations improbables. Qu’il évoque l’attente, l’amour à sens unique, la rancœur, le propos aborde aussi en filigrane des sujets importants comme la blessure vive entre les deux Corée ou la maltraitance entre élèves. De plus, les diverses sensations et émotions des héroïnes sont rendues avec une grande sensibilité : joie, espoir, envie, chagrin, désespoir ou honte, affleurent subtilement et puisent une force indéniable dans la simplicité naturelle du dessin. Réaliste et doté d’un trait léger, il se veut serein, sans fioriture, tout en conférant néanmoins aux expressions quelque chose de singulier, en parfaite harmonie avec l’atmosphère douce et nostalgique de l’ensemble. On regrettera simplement une certaine similarité des visages.
La fluidité presque déconcertante d’Après le zénith associée à sa qualité scénaristique et à son graphisme simple en font une lecture des plus plaisantes. A ne pas bouder.