Résumé: Fin du XIXe siècle. Buck, un croisé Saint-Bernard et Colley, mène une vie paisible dans un doux foyer. Mais tout bascule le jour où, victime de la traîtrise d'un homme, il se retrouve enlevé à son maître et vendu à des chercheurs d'or du Grand Nord américain. Il devient alors chien de traîneau dans un univers glacial et sans pitié. Saura-t- il survivre dans ce monde où règne la loi du plus fort ?
A
près L’île au trésor de Robert Louis Stevenson, Fred Simon adapte un autre grand classique de la littérature anglo-saxonne, L’appel de la forêt de Jack London. Cette œuvre, présentée comme un livre jeunesse, est nettement plus complexe qu’il n'y paraît. En effet, si le fait d’avoir comme héros un animal, un chien dans le cas présent, pourrait faire penser à une fiction purement destinée aux enfants, le cadre général est des plus réalistes. Époque et contexte obligent, le texte recèle des scènes d’une grande violence. Fred Simon l’a heureusement très bien compris et n’a pas édulcoré le récit, n'hésitant pas à montrer les différents moments très durs dont est faite l’histoire.
Comme toutes les adaptations de ce genre, L’appel de la forêt souffre malheureusement du passage de l’écrit au dessin. En effet, il est quasiment impossible de retranscrire, en quarante-huit pages de BD, toutes les nuances des deux cent trente pages du roman original. Dans le cas présent, Simon s’est uniquement concentré sur la trame générale et fait fi d’un important pan du livre, la grandeur de la nature et de ses forces primordiales. Manque de place oblige, la narration va à cent à l’heure. Buck, le héros canin, court et court encore à travers l’Alaska, se bat pour trouver sa place dans la meute, passe de maître en maître, le tout sans perdre haleine. Si le résultat global reste tout à fait lisible et même entraînant, c’est le lecteur qui est le plus essoufflé !
La comparaison avec une autre transposition récente d’un ouvrage de Jack London, Construire un feu par Christophe Chabouté, met bien en avant les différentes façons d’appréhender une œuvre. Même si la tâche n’était évidemment pas la même, cette nouvelle ne faisant que douze pages, le résultat montre bien le contraste entre une retranscription presque trop fidèle de différents éléments narratifs et un véritable travail d'interprétation, dans un autre médium, de l’esprit d’un auteur.
Cette version de l’Appel de la forêt, malgré un certain manque de souffle, est tout à fait respectable. Grâce à un trait léger, Fred Simon rend une copie agréable, mais qui peine à faire oublier le texte original.