S
es potes et maintenant son frère sont désormais indépendants. À vingt-sept ans, Razmoh se dit que c’est son tour et annonce à ses parents qu’il va quitter le nid familial pour se trouver un appartement. Évidemment, être un artiste freelance, ça ne rassure pas les propriétaires. Alors, afin d’assurer ses arrières et pouvoir payer son loyer, il va commencer par se dégotter un boulot. Serveur dans un resto, ça, il peut le faire. Une fois qu’il aura une fiche de paie, la chasse à la perle rare commencera pour de bon. Son plus gros souhait ? Une belle vue (et pas cher, si possible).
L’autobiographie, l’exercice obligé du bédéiste indépendant qui débute.
«Se mettre en scène est une façon de prendre du recul sur sa vie», c’est de cette manière que Razmoh décrit son approche pour son premier album. Classique chronique personnelle, L’appart de mes rêves revient sur les premiers pas en tant qu’adulte responsable de l’auteur. Un peu d’humour, énormément de sincérité et un talent certain pour faire ressortir des détails amusants ou absurdes du quotidien, les déambulations et les péripéties du héros sonnent justes et devraient rappeler des souvenirs à beaucoup de lecteurs. Visuellement, le style quasi-naïf du dessinateur s’avère parfaitement adapté au ton débonnaire de la narration. Le seul bémol vient d’un usage un peu trop visible de filtres numériques qui artificialise le rendu par moments.
Sans révolutionner un genre tellement visité et revisité, L’appart de mes rêves se montre néanmoins agréable à suivre. Sympathique, bien entouré d’ami.e.s et doté d’un bon coup de crayon et ce qu’il faut d’autodérision, Razmoh réussit son «examen de passage». Félicitations !