Résumé: C'est au pied du Mont Fuji qu'on peut trouver Aokigahara, une vaste forêt, un cadre naturel sans égal... et où la plupart des suicides se produisent. La légende dit que les âmes des suicidés errent à jamais dans cet endroit, pris au piège des profondeurs mystérieuses de ces forêts anciennes.
Lorsque Masami, la petite amie d'Alan, se suicide dans ces bois, son fantôme rôde, bien décidé à hanter son ancien amour...
A
près une relation de près d’un an, un jeune américain venu chercher son bonheur au Japon décide de rompre avec sa compagne. Malgré les larmes, les cris et les promesses de changer, Alan déménage et abandonne Masami en plein désespoir. Alors qu’il tente de refaire sa vie malgré les remords, elle se dirige vers la forêt d'Aokigahara pour mettre fin à sa peine…
Avec Aokigahara, la forêt des suicidés, Juan El Torres et Gabriel Hernandez installent leur récit dans un endroit au pied du Mont Fuji, tristement célèbre pour le nombre record de suicides qui s’y déroulent chaque année. La réputation de ce lieu particulièrement lugubre attire constamment de nouvelles victimes et sert maintenant de décor à ce one-shot macabre.
En suivant le personnage d’Alan, un expatrié dont la vie tourne au cauchemar depuis qu’il est maudit par le fantôme de son ex-petite amie, le lecteur se retrouve vite immergé dans une ambiance horrifique pesante. Parallèlement, l’auteur se penche sur la destinée d’une garde forestière chargée de rapatrier les corps perdus dans les sous-bois. À travers ce personnage capable de communiquer avec les esprits et d’apaiser la colère des Onryo, le scénariste se sert des anciennes croyances nippones pour insuffler un contexte spirituel à cette enquête policière parsemée de cadavres. Si cette histoire mêlant vengeance et désespoir ne déborde pas forcément d’originalité, la narration d'El Torres tient parfaitement la route et emmène progressivement tous les protagonistes vers une forêt qui se fait de plus en plus menaçante au fil des pages.
Le graphisme torturé de Gabriel Hernandez s’inscrit dans un style qui se rapproche de celui de Ben Templesmith sans parvenir à l’égaler. Ce visuel légèrement flou et assurément sombre est néanmoins parfaitement adapté au récit et plonge l’ensemble dans une ambiance glauque et sinistre, issue d’une réalité qui fait froid dans le dos. Ce sentiment de véracité qui demeure constamment en toile de fond rappelle d’ailleurs l’atmosphère qui entourait le Blair Witch Project.
Les fans du genre horrifique japonais ne manqueront pas d’apprécier cette lecture dont les droits ont déjà été acquis par le cinéaste Hideo Nakata (Ring, Dark Water) et se réjouiront de découvrir les premières pages du Voile des ténèbres, future parution du même duo artistique, en fin d’album.