Résumé: Lorsque notre héros meurt dans le naufrage de son voilier, le passeur qui vient à sa rencontre ne parvient pas à graver sur sa paume sa ligne post-mortem qui décidera de sa destination finale après sa mort. Privé de poids et balayé par les vents, celui-ci s'envole alors pour les Antres. Le malheureux est désormais une âme errante dans un monde à la logique et aux habitants bien particuliers.
A
nton, appelons-le ainsi, n’a pas de ligne de mort ! Alors, entre Enfer, Paradis et Antres… il erre au sein de l’éther, léger comme l’air…
Volet introductif d’une trilogie à venir, L'homme sans poids est l’occasion de pénétrer dans un univers où Eric Puybaret règne en maître et où les références sont multiples et fleurissent au gré des pages, telles les fleurs au printemps. En premier lieu, les pérégrinations aériennes d’Anton présentent une certaine similitude avec les déboires souterrains d’Alice ! L’une et l’autre découvrent un monde qui échappe à leur entendement et ils essayent tant bien que mal d’en comprendre l’alpha et l’oméga. Cependant, cette illustre évocation ne saurait résumer à elle seule la créativité de l’ancien récipiendaire de l’École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs de Paris. Sur Antres, il œuvre en solitaire, seul à la barre d’un récit poétique autant qu’invraisemblable. S’il convient de parler d’esprit, il faut saluer l’inventivité et la capacité de l’auteur des Histoires de Pandore à transcender son propos initial pour le transformer en une expérience de vie. Cet album permet ainsi d’originales découvertes pour peu de laisser vagabonder son imagination. Ce faisant, il est loisible de croiser Miles David en grand sorcier vaudou d’un monde privé de musique, Bonaparte plus Nabo que Napo ou bien encore Orson Welles en directeur d’une usine d’ectoplasmes. Et que dire de cet Enfer où planent les cauchemars de Jérôme Bosch ou un surréalisme que n’aurait nullement renié Dali ? Graphiquement, Eric Puybaret réalise une prestation de haut vol avec un travail qui selon, ses dires, prend naissance sur un papier un peu crème sur lequel les esquisses se font discrètes, bien que d’aucunes se voient renforcées au crayon rouge, avant une mise en couleur à l’acrylique et des finitions aux pinceaux. Finalement, chaque case offre la minutie d'une illustration... difficile d’oublier d’où l’on vient et ce en quoi l’on excelle !
Fantasque, rocambolesque, terrain de jeu pour rêveurs de tout acabit, L'homme sans poids se lit, se raconte et se partage… pour le plaisir du plus grand nombre.