Résumé: Dans la continuité de 17-21, découvrez de nouvelles histoires courtes dessinées entre ses 22 et 26 ans par le génial Tatsuki Fujimoto, l'auteur de Chainsaw Man !Ambiance kafkaïenne, légèreté d'un quotidien glissant dans le surnaturel, exploration de la frontière entre sexualité et violence, fascination et répulsion... Ici, le style du mangaka s'affine pour composer des récits poignants où le drame menace d'éclater sur chaque planche. Autant de nouvelles dans lesquelles se cachent les bourgeons de chefs-d'oeuvre à venir !
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uelques semaines après la sortie du premier recueil Anthologie 17-21, les éditions Kaze poursuivent l'exploration du catalogue de Tatsuki Fujimoto. Intitulé Anthologie 22-26, ce one-shot regroupe quatre histoires qui ont été publiées dans des magazines au Japon lorsque l'auteur avait entre 22 et 26 ans.
La Rhapsodie des sirènes ouvre ce manga, avec une histoire d'amour entre un jeune lycéen qui sèche les cours et l'une de ces créatures autour d'un mystérieux piano sous-marin. Le mangaka retrouve son schéma narratif du couple improbable mais inexorablement attiré l'un par l'autre. Toshihide et son père ne se parle quasiment plus depuis la mort de sa mère. Cette dernière était une sirène, ce qui donne la possibilité à son fils de pouvoir maintenir sa respiration sous l'eau plus longuement qu'un humain normal. Il en profite pour passer de longue minutes à jouer d'un piano immergé. Il est surveillé par une jeune femme-poisson qui souhaite apprendre. De là, ces deux personnages vont se rapprocher. Loin d'une love story naissante simpliste, Fujimoto en profite pour montrer la haine et les peurs des deux groupes et comment ces jeunes personnages pourraient dépasser tout ça.
S'ensuit Le syndrome de métamorphose en fille au réveil qui démarre comme une comédie, mais qui tourne rapidement au drame. Ici, l'auteur se penche sur les rapports de genre et les stéréotypes qui sont devenus normatifs, en changeant le sexe d'un des protagonistes principaux. Au passage, il dénonce les pressions sociales sur les femmes et les personnes faibles psychologiquement.
La prophétie de Nayuta est le chapitre le plus abouti de ce one-shot. Le dessin a mûri, il est plus noir avec un jeu de trames plus dense que sur ces autres récits. Là encore, la dite prophétie sert de prétexte pour explorer les relations humaines, cette fois entre frère et sœur. Fujimoto reprend aussi une idée présente dans le Devilman de Go Nagai : les plus dangereux sont les humains ! Un récit qui est aussi poétique que sombre.
Enfin, la grande sœur de la petite sœur conclut cette anthologie. Le registre est différent des trois précédents, il s'agit d'un slice of life, mais avec la petite touche du mangaka. La relation sororale, oscillant entre jalousie et admiration, est présentée aux lecteurs dans une école d'art où Mitsuko a la désagréable surprise de voir un nu la représentant. Le tableau a été réalisé par sa cadette...
A travers ces quatre histoires aux registres variés, Tatsuki Fujimoto parvient à glisser sa manière de voir le monde. Ses thèmes de prédilections sont tous présents et distillés avec intelligence au service du scénario. Le rôle de la famille, qu'elle soit fonctionnelle ou dysfonctionnelle, le poids des normes et conventions sociales, la charge mentale, la violence... autant de thématiques qui lui sont chères et qui sont traitées de belle manière dans ce manga.
Ce second recueil de cet auteur talentueux fera plaisir à ses fans francophones, mais il constitue également une porte d'entrée intéressante pour les curieux.