Résumé: Dénonçant la corruption et les violations des libertés publiques, anna politkovskaïa s'attire les foudres du régime.
Ses révélations sur le conflit en Tchétchénie lui seront fatales. Le 7 octobre 2006, elle est assassinée dans l'ascenseur de son immeuble à Moscou. L'onde de choc de sa disparition est mondiale. Journaliste courageuse et femme déterminée, elle fut et reste la voix de la Russie qui résiste.
L
e sept octobre est une date importante pour la Russie : on fête l'anniversaire du président Poutine. C'est aussi le jour où la journaliste d'investigation et militante des droits de l'homme, Anna Politkovskaïa, fut assassinée dans la capitale. Elle a été la deux-cent-onzième à subir ce sort depuis l'effondrement de l'URSS.
L'ouvrage relate les dernières années de sa vie, depuis ses premiers reportages sur la seconde guerre en Tchétchénie en 1999, jusqu'à sa mort en 2006. En laissant parler Anna en voix off, Francesco Matteuzzi fait ressortir les qualités indéniables de cette femme surnommée à tort "la folle de Moscou" : tenace, courageuse, droite, implacable, mais seule aussi. Elle semble l'unique citoyenne prête à affronter ce régime tout puissant. Au travers des événements décrits,(prises d'otages, corruption, confrontations avec la police, tentatives d'intimidation et d'empoisonnement), le lecteur n'a aucun mal à comprendre le musellement systématique que subit la liberté d'expression dans ce pays et combien il est dangereux de dénoncer les mensonges, à moins bien sûr, d'être sensible aux pots-de-vin.
Avec un trait simple, brut, Elisabetta Benfatto met en image ce combat inégal. Le visage fermé et les mâchoires serrées, opposés aux sourires carnassiers et aux petits yeux chafouins.
En post-face, une interview du scénariste lors de sa rencontre avec la reporter remédie à la frustration qu'il y aurait eu à la fin de la seule bande dessinée. A propos d'Anna, il revient sur sa personnalité, ses relations, son engagement total : une véritable héroïne. Le seul défaut du livre est son dénouement tragique. Mais nous ne sommes pas en Russie, c'est la vérité qui est donnée ici, pas ce que l'on préférerait croire.