Tout ce qui vient de Christophe Bec n'est pas forcément de l'or. Je suis plutôt déçu par ce thriller psychologique se déroulant dans le milieu des artistes et des galeries d'art. Tout d'abord par le dessin dont l'encrage noir envahit presque toutes les cases au point qu'on discerne à peine les silhouettes des différents protagonistes autour du chef de bande : un artiste imbu de sa personne, dominateur et plutôt désagréable avec la gente féminine.
Le gros point noir serait le cheminement de cette histoire dont je n'ai guère compris toutes les subtilités : c'est dommage. La narration me semblait pourtant fluide mais quelque chose passe véritablement mal. Une oeuvre totalement hermétique.
Abraham De Sanctis
Le 02/03/2005 à 22:47:09
Très bonne BD de Bec et Betbeder. Ambiance glauque, rapports de domination, perversité, et surtout, des personnages proches du néant. C'est en ça qu'Anna est intéressante. Alors que la tension est palpable dans chaque planche, qu'on se demande si de telles personnes peuvent seulement exister, leurs problèmes, leurs expériences sont désolantes de nullité.
Ils se détestent, mais s'ils n'avaient personne à détester, ils ne seraient plus rien.
Dans ce contexte, le dessin particulier (toutes les scènes ont été tournées en vidéo avant d'être redessinées) de Christophe Bec s'intègre parfaitement dans cette ambiance: statique, froid, parfois difficile à lire. Comme le scénario, il met mal à l'aise.
Une réussite.
pm
Le 14/10/2004 à 15:12:56
Coauteur de la série à succès Sanctuaire, Christophe Bec sort cet album chez le jeune éditeur indépendant « La Boîte à bulles ».
Cet album a une histoire puisque c’est l’édition remaniée et augmentée d’un album paru chez Soleil il y a quatre ans, « Hôtel particulier ».
Le dessin très réaliste de Christophe Bec est intéressant, en particulier son noir et blanc tout en ombre et lumière. Il passe cependant difficilement le cap de l’impression qui en écrasant les noirs a tendance à rendre certaines planches assez peu lisibles.
Les scènes du livre ont été tournées au préalable en vidéo, la retranscription en dessin et le découpage ont pour effet de donner un graphisme de roman photo dessiné plutôt sophistiqué.
On s’attend bien à des rapports psychologiques tendus entre les protagonistes mais peut-être pas à la description de jeunes adultes sans aucune envergure, évoluant pour la plupart dans un milieu pseudo artistique sans âme. Ils se donnent l’air de vivre à travers la perversité afin de tendre à l’extrême les rapports entre les êtres. L’entreprise est risquée puisque aucune empathie n’est alors possible avec les personnages. Et tout y passe, du voyeurisme/exhibitionnisme aux rapports de force sado-masochistes d’une relation homme femme, qui malgré leurs travers, n’ont, malheureusement, aucune épaisseur psychologique. Dans le fond, nous ne savons quasiment rien d’eux ni de leur histoire. Ils deviennent alors très vite des pantins désincarnés.
Mais surtout, sous prétexte de ne pas juger, les auteurs se complaisent dans leur narration sans jamais prendre le moindre recul, et adoptent finalement sans la moindre gêne, les mêmes travers que leurs personnages. On ne nous épargne pas grand-chose. Un sentiment de malaise et de dégoût finit par s’installer chez le lecteur qui se sent pris en otage.
Aucune branche à laquelle se raccrocher, on ne trouve aucune générosité dans le propos, mais une extrême complaisance dans les descriptions qui rend l’album très ambigu. Il se termine sur une simple inversion des rapports de force et sur la défaite du plus extrême des personnages. Nauséabond.