Résumé: Angola Janga c'est « la petite Angola » ou, comme il est écrit dans les livres d'Histoire, Palmares. Pendant près de cent ans, il y eu en plein Brésil un royaume africain indépendant, le plus étendu de tous les quilombos, qui rassembla jusqu'à 30 000 habitant(e)s. Macaco, la capitale d'Angola Janga, aurait eu une population équivalente à celle des plus grandes villes brésiliennes de l'époque. Créé à la fin du XVIe siècle dans l'état du Pernambouc autour de petits villages d'esclaves marrons, Angola Janga a longtemps résisté aux attaques des Hollandais puis à celles des forces coloniales portugaises. Cible de la haine des colons, c'était aussi un symbole de liberté pour les esclaves jusqu'à sa destruction en 1695. Son plus grand roi, Zumbi, est devenu une véritable légende et a inspiré la création du jour de la conscience et de la résistance afro-brésilienne (consciência negra). Pendant onze ans, Marcelo D'Salete, auteur de Cumbe, a mené des recherches pour pouvoir raconter l'histoire de cette rébellion, une référence majeure de la lutte contre l'oppression et le racisme au Brésil. Le résultat est un grand roman historique, le portrait d'un moment décisif de l'histoire de ce pays et une épopée qui dévoile l'incroyable résistance de ces hommes et femmes insoumis(e).
A
u XVIème siècle, les esclaves des moulins à sucre sont de plus en plus nombreux à fuir le calvaire qui leur est quotidiennement infligé. Ils se réfugient alors au fond de la jungle et finissent par former une micronation : Angola Janga, la Petite Angola. Société à part entière, elle a pendant plus de cent ans été le symbole de la liberté des esclaves contre la haine des colons.
Marcelo D’Salete reste sur un thème qui lui est cher : L’esclavage au Brésil. Après Cumbe, son premier livre publié en France, l’auteur revient en force avec ce récit consacré à ce havre d’espoir. Extrêmement bien documenté (onze ans de recherches avant de réaliser l’album), le scénario n’oublie pas pour autant de rendre le propos poignant. En mêlant des personnages historiques au destin du jeune Soares, l’auteur développe un angle bien plus intime. En onze chapitres, les trahisons, les actes de bravoure et les larmes s’enchaînent mais ne se ressemblent, pas, tout en mettant en contexte une période riche et importante du Brésil.
Avec un trait noir et blanc épais très précis, les émotions fortes crèvent la page et imprègnent le lecteur. Le découpage minutieux reste carré et classique mais la force du dessin est principalement dans son aspect allégorique. Au fil des 465 planches, parsemées de cases symboliques, le dessin très contrasté ramène une dimension supplémentaire à ce périple déjà riche.
En mettant un aspect humain sur cet épisode-clé de l’histoire brésilienne, D’Salete prend le lecteur au cœur avec cet épisode méconnu. Passionnant et très instructif, l’album ne nécessite aucun prérequis et est un excellent moyen de découvrir ce qui a été un rêve pour un grand nombre d’esclaves.