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ntre 1978 et 1986, Jay Kinney a édité quatre numéros d'Anarchy Comics. Cette publication internationale au ton militant avait comme volonté de mettre en avant l'idéologie anarchiste sous forme de BD. Même si l'époque des grandes utopies était quasiment révolue, la revue rencontra un véritable succès. Étonnamment, malgré les années, ces pages sont restées parfaitement lisibles et, si on a gardé un tant soit peu une âme de révolté, pleine de sens.
Lors de sa première parution, Anarchy Comics s’insérait parfaitement dans l'histoire de la bande dessinée alternative. En effet, ses principaux collaborateurs (Jay Kinney, Spain Rodriguez, Paul Mavrides, etc.) étaient tous des auteurs très actifs du mouvement des comics underground depuis la fin des années soixante. L'objectif était évidemment de distraire, mais, surtout, de provoquer le débat et de conscientiser le lectorat. Cette approche peut paraître aujourd'hui un peu naïve, il convient néanmoins de la replacer dans son contexte et de se rappeler que, dans ces temps reculés où internet n'était disponible que dans les romans de science-fiction, l'information circulait moins facilement et le débat était plus difficile à établir.
Récits historiques (guerre d'Espagne, Commune de Paris, etc.), poèmes illustrés, parodies, fables satyriques ou féministes et exposés idéologiques, le sommaire se révèle extrêmement varié tout en restant homogène et, globalement, d'une très bonne qualité narrative. Sans trahir l'esprit libertaire de rigueur, le rédacteur en chef était arrivé à tenir une ligne éditoriale ouverte et exigeante. Trente ans après les faits, Anarchy Comics n'a rien perdu de sa furie et de son énergie. ¡ No Pasarán !