Résumé: William est un enfant peu doué. À l’inverse, Abelard a des capacités intellectuelles hors normes. Mais il ne peut aller à l’école : les Noirs n’y sont pas acceptés. Entre les deux enfants, un pacte est scellé. Abe aidera William pour ses devoirs, et ce dernier lui trouvera toujours du travail. William gravit ainsi tous les échelons de la société locale, fondant sa propre entreprise dans laquelle Abe, l’homme à tout faire, prend les décisions dans l’ombre. William se décidera-t-il à donner à Abe la place qui lui revient, à placer un « nègre » dans son fauteuil ? Une amitié d’enfant, si forte soit elle, peut-elle survivre à de telles tensions ?
D
ans la Louisiane des années 1930, une camaraderie débute entre Abe, un noir et Will, un blanc. Ce dernier est le fils d’un riche industriel, mais rencontre des difficultés à assimiler ce qu’on lui inculque à l’école. Un pacte improbable prend alors forme entre les deux enfants : Abe propose d’aider son ami dans ses devoirs, puis dans la gestion de son entreprise en échange de la garantie d’un travail. Si cette alliance coule de source pour les deux comparses, il en va autrement pour leurs familles respectives. Il ne sera pas facile de la faire durer dans une époque où la ségrégation fait rage.
Louis, auteur ayant déjà signé de nombreux albums aussi bien en tant que scénariste (Sept Clones, Ultime Etoile) qu’en qualité de dessinateur (Drones, Martin Bonheur), s’attaque ici aux notions de pression sociale et d’amitié. Avec une entrée en matière violente, l’artiste annonce directement la couleur du récit. Cette introduction-choc sera l’occasion de revenir au travers de flashbacks sur le développement de la relation improbable entre les deux garçons devenus adultes. Malgré des transitions quelque peu forcées, les différentes scènes sont parlantes et pleines de sensibilité. Seul regret : un manque de développement des personnages, quel que soit leur âge.
Malgré ses compétences aux pinceaux, Louis à cette fois-ci laissé la main à Lionel Marty (Le rêve de Jérusalem, Le Mausolée d’Halicarnasse). Avec un trait semi-réaliste, les différents acteurs prennent des dimensions quasi-caricaturales qui rendent immédiate la distinction entre les « mauvais » et les « bons ». Les décors se font toutefois rares, ce qui est d’autant dommage que le peu qui s‘y trouve est plutôt réussi. Autant le graphisme que les couleurs de Véra Daviet accompagnent le récit, alternant de manière fluide entre violence et tendresse.
Abordant un sujet difficile L’amour est une haine comme les autres traite avec tact ce thème malheureusement encore d’actualité.
La preview
Les avis
Erik67
Le 30/08/2020 à 17:03:34
L'amour est une haine comme les autres est tout d'abord une véritable histoire d'amitié entre deux hommes de races différentes dans la Louisiane raciste des années 30 et 40. Qu'y a t'il de plus beau que la véritable amitié ? Cette histoire touchante est inspirée de faits réels et respire la crédibilité. Le racisme et la haine ne passeront pas. Il y aura beaucoup d'épreuves à traverser au fil des années.
Sur la forme, c'est assez plaisant à lire. Il y a des flash-back mais qu'on arrive à suivre grâce à la couleur différenciée. Les dessins réalistes sont également bien réalisés. Bref, c'est une belle histoire d'amitié comme on aimerait qu'elle existe plus souvent. Un bel exemple de fraternité dans un contexte assez difficile.
judoc
Le 19/03/2017 à 08:53:42
Très bel album, une histoire touchante, poignante et difficile où l'amitié qui unit deux amis est mis à mal par les turpitudes de l'âme humaine. De bons dessins, un bon scénario, de l'amour de la haine... Un album à lire et à relire !
kurdy1207
Le 14/02/2017 à 11:28:26
Magnifique album qui nous montre la difficulté d’être noir dans la Louisiane de la première partie du XXème siècle et la quasi impossibilité d’une amitié entre un blanc (Will) et un noir (Abe).
La méchanceté de l’homme n’a pas de limites car le jeune Will, à l’intelligence limitée, lui aussi n’est pas en odeur de sainteté.
Nos deux jeunes amis feront aussi un pacte de non dénonciation avec deux jeunes filles amoureuses l’une de l’autre car l’amour pour tous n’était pas encore de mise (mais le sera-t-il vraiment un jour).
Le père de Will espère que son fils reprendra l’entreprise familiale mais celui-ci n’en a pas les facultés. Aussi, montera-t-il un stratagème avec Abe en lui déléguant, sous le secret, tout l’administratif.
Cela aurait pu fonctionner longtemps, mais Will tombera amoureux d’une intrigante qui mettra au jour leur combine.
Tous les sentiments et toutes les bassesses humaines éclatent dans cette histoire qui vous imprègne de l’amertume du dégoût. Et ce n’est pas l’illusion du discours de Martin Luther King et des poings levés en fin d’album qui viendront redonner l’espoir car les hommes de bonne volonté sont bien peu nombreux comparés à la haine qui est colportée par la grande majorité.
Les dessins de cet album ne manquent pas de charme bien servis par de splendides couleurs. J’ai passé un très bon moment même si Bd montre tout le désespoir qu’il y a dans l’espoir.