L
a pandémie d’amorostasie continue de s’étendre et ce malgré les mesures prophylactiques mises en œuvre par les autorités. L’amour est un mal contre lequel il faut désormais s’immuniser…
À l’évidence le dénouement proposé par Cyril Bonin n’aurait pas pâti de plus de densité et de complexité… plutôt que de sombrer dans les bons sentiments et le happy end général aussi inexpliqué que soudain : le romantisme a ses canons dont il est difficile de s’extraire. Alors soit, ceci permet de stigmatiser les travers d'une époque et de dénoncer la bipolarité d’une société capable d’aduler le soir ce qu’elle vouait aux gémonies le matin même, mais l’ensemble manque singulièrement de passion. L’amour n’est-il que retenue et bienséance à l’image d’un crayonné tout en douceur et en élégance ?
Suite et fin d’Amorostasia dont l’évanescence du trait ne peut faire oublier un final qui marque le pas sur le crescendo initié par les deux albums précédents.
Les avis
ArvoBlack
Le 04/01/2025 à 21:08:44
"Amorostasia", un titre farfelu pour un postulat de départ novateur : et si tomber amoureux devenait une maladie ? Cyril Bonin nous propose une œuvre douce et dans l'ère du temps. Au travers d'un trait rassurant, on suit l'aventure de Olga qui essaie de comprendre le pourquoi scientifique de cette nouvelle épidémie "L'amorostasie".
Si le T1 pose les bases du récit de manière convaincante, la suite perd en crédibilité au fur et mesure. Pourquoi ? Car je me suis posé des questions auxquelles l'auteur n'a pas répondu : les personnes "amorostasiés" sont figées certes, mais pendant plus de 3 ans, le métabolisme reste t-il le même avec un coeur qui bat à 30 battements par minute ? Est ce qu'on vieilli lorsqu'on est figé ? Pas besoin de boire, de manger, de dormir ? Est-ce que les cheveux et les ongles poussent pendant ce temps figé ? Ce sont des questions simples mais qui mériteraient réponse pour avoir une vision plus complète de la maladie.
Au delà de la fiction et du coté fantastique, la narration propose quelques moments de réflexions philosophiques sur la vie, l'amour, la mort, c'est toujours bienvenue. Les personnages principaux sont réussis dans l'approche.
Une composante de la série qui me me dérange, c'est parfois la facilité à faire basculer le récit dans le romantique, surtout dans le T2 et T3. Il y a bon nombre d'incohérences et de phénomènes inexpliqués qui gâchent une partie de l'histoire.
Le dessin sur un fond noir et blanc avec plusieurs nuances de gris fonctionne bien et en font le style de inimitable de Cyril Bonin. Une forme de pureté se dégage sur les dessins de personnes figées, c'est plaisant à regarder. Sur le T3, on voit apparaitre ce que j’appelle le "syndrome de la grande bouche" qui fonctionne bien sur certains personnages exubérants, mais cela va de mal en pis dans la progression du tome.
Un bon départ mais une suite gâchée par trop d'incohérences et d’éléments inexpliqués. A noter également une forme d'anticipation sur le récit par rapport au Covid-19 qui est arrivé quelques années plus tard, on retrouve dans "Amorostasia" la même forme de psychose.