Résumé: Dans Paris, aujourd’hui. Trois ans ont passé depuis l’apparition du virus de l’amorostasie qui s’est propagé dans la capitale laissant les malades dans un état cataleptique. Olga Politoff, journaliste qui enquêtait sur ce virus, s’est retrouvée figée à son tour avec Kiran. Dans un monde bouleversé par l’épidémie, ils vont être à nouveau plongés au cœur de la tourmente… Alors que l’Amorostasie est devenue mondiale, tous les laboratoires du monde se battent pour trouver le remède qui fera revenir à la vie les victimes figées par la maladie ; Seul l’un d’entre eux a obtenu un certain nombre de résultats encourageants. Il s’agit maintenant de tester le vaccin sur un cobaye consentant…et Kiran, prisonnier sans famille, semble le sujet idéal. Mais l’expérience tourne court lorsqu’il tombe dans un coma profond. À quelques centaines de kilomètres de là, la séduisante Olga se réveille brusquement dans sa chambre d’enfant, au domicile de ses parents. À peine éveillée, elle ne souhaite qu’une chose : retrouver son amoureux pour se figer avec lui, de nouveau. Hélas, Olga va découvrir que le monde, en trois ans, a bien changé…et son statut de première « réveillée » de la maladie va attirer toutes les convoitises…
L
’amorostasie ! Quelle est cette curieuse pandémie qui fige ceux qui laissent libre cours à leur élan amoureux ? Existe-t-il un remède à ce mal qui résiste à tous les chercheurs de la planète ? Peut-être ! Encore faut-il le découvrir…
Face au succès, nombreux sont les one-shots qui jouent les prolongations. En soi, le procédé n’est en rien répréhensible, pour peu que les opus qui suivent apportent leur pierre à l’édifice. Dans Amorostasia pour toujours…, il faut se rendre à l’évidence : ce deuxième album joue sur les variations d’une partition déjà écrite pour son prédécesseur. Cyril Bonin souhaitait-il développer plus en avant certaines thématiques ? Peut-être ! Mais force est de constater que bien des conséquences sociales de cette étrange maladie avaient été largement abordées dans ce qu’il est convenu désormais de considérer comme le volet d’ouverture. Il y a cependant une grande différence entre les deux albums ! Alors que le premier s’articulait autour d’Olga et de ses états sentimentaux, le second élargit le spectre des préoccupations et s’intéresse (plus) à la dimension sociétale de cette endémie. Il est toutefois possible de regretter un rapprochement discutable avec l’Occupation puisqu’il est question de couvre-feux, de réseaux ou de groupuscules entrés en dissidence pour ne pas dire en résistance et de brassards stigmatisant la condition de femme seule… D’autres manières de condamner l’irrationalité des comportements face à l’incapacité à maîtriser un phénomène qui échappe à l’entendement auraient pu être employées. Quoi qu’il en soit, Cyril Bonin évite d’en faire trop et montre une foi inébranlable dans la capacité des individus à s’opposer à la dictature de la peur de l’inconnu !
S’il est possible de disserter sur le scénario et l’ambigüité de l’épilogue, il serait par contre inutile de vouloir faire de même avec un dessin dont l’élégante esthétique, rehaussée d’un nuancier de gris parfaitement maîtrisé, ne laisse prise qu'à peu de critiques.