Premières série d'Etienne Davodeau parue dans la défunte mais très bonne collection Génération Dargaud, collection qui avait objectif de faire connaitre des nouveaux artistes (elle révéla également Félix Meynet).
Le triptyque que forme les Amis de Saltiel est une très bonne mise en abime de l'œuvre de Davodeau : la bande d'ami, la réussite sociale et un certain contexte militant. Tout ce qui va suivre dans les albums de Davodeau se trouve ici d'une façon ou d'une autre.
Tout au long du récit, nous suivons Saltiel, photographe professionnel, et ses amis. Le premier tome, L'homme qui n'aimait pas les arbres (quel titre extraordinaire !) tourne autour d'un artiste traumatisé par la guerre d'Algérie dont les œuvres tourmentées et brillantes attirent toutes les convoitises. Règlement de compte sur fond de lâcheté et crimes de guerre. Dans la deuxième histoire, Les Naufrageurs, nous retrouvons Saltiel et ses potes en villégiature dans une vieille baraque au bord du fleuve. Chronique sur l'amitié qui bascule vers la perception de la célébrité quand on apprend qu'une star du cinéma aurait loué un villa sur l'île... Enfin, le troisième tome, Faux-Frères, une superbe trouvaille scénaristique permet de clore cette trilogie de façon magistrale : la star de cinéma rencontrée dans le tome 2 décide de faire un film sur l'histoire de l'artiste maudit du premier tome ! Tous les éléments du récit se rencontrent et s'entrechoquent.
Graphiquement Davodeau est encore en apprentissage (la progression du trait entre le tome 1 et le tome 3 est impressionnante), il y a des hauts et des bas, pour l'amateur de dessin, c'est intéressant de voir un style en formation.