M
organ a été sélectionné par l’agence de voyage Travel Sky et se voit offrir une opportunité extraordinaire. Relier, en moins de trois mois, Cancùn (Mexique) à Ushuaïa (Argentine) sans moyen motorisé, avec, si le délai est respecté, cent mille dollars à la clef ! Points de contrôle régulier, financement généreux, en dépit d'une planification solide, cela reste une expédition ambitieuse, surtout à quatorze ans ! Navigation en solo sur la Mer des Caraïbes, trek dans la jungle amazonienne et les Andes, il n’est pas près d’oublier ce périple au long court !
Album jeunesse aux prémices sympathiques, le premier tome de L’Amérique contre la montre entraîne le lecteur à travers la Colombie, le Pérou et le Brésil en compagnie d’un héros curieux et débrouillard. Péripéties diverses et nombreuses références culturelles meublent cette grande descente de l’Amérique du Sud. De plus, si l’aventure et la détente sont à l’ordre du jour, les auteurs n’oublient pas de glisser ici ou là quelques rappels réalistes et bienvenus à propos de la situation politique et économique des contrées arpentées. Ceux-ci sont heureusement très bien dosés et jamais gratuits. Le seul vrai bémol de l’ouvrage vient de la manière dont les différentes pièces du scénario sont organisées. Plusieurs éléments-clefs de l’intrigue (la nature du concours et son contexte, le personnage principal, etc.) semblent avoir été lancés au hasard, au fil des pages, entre deux scènes d’action. Cette structure narrative éclatée rend la lecture hachée et inégale, voire irritante.
Visuellement, le trait fluide et charmant de Juan Mendez rend cette exploration immensément entraînante. Le style du dessinateur, entre Max de Radiguès et David De Thuin, s’avère suffisamment précis pour décrire les lieux, emblématiques ou pas, ainsi que les innombrables rencontres que Morgan fait tout au long de son trajet. La colorisation aux tons très doux renforce également une atmosphère globalement chaleureuse et ceci en dépit de quelques moments critiques et plus violents. Là aussi, l’équilibre entre un certain réalisme social et le divertissement pur est à souligner.
Malgré une construction dramatique discutable, L’Amérique contre la montre reste une très bonne surprise mêlant habilement l’aventure cent pour cent adrénaline avec la découverte géographique.