Résumé: Le Montana, est réputé pour ses montagnes enneigées, ses mines d’or et d’uranium… Et aussi pour être l’un des Etats les plus racistes des Etats-Unis ! Alors quand des Indiens sont sauvagement assassinés, Angéla et Steve, les deux agents spéciaux de l’AKN ne croient pas à la thèse officielle : celle du règlement de comptes tribal. Dans leur quête de la vérité, ils vont se heurter au Klan et à son complice : un puissant consortium minier, apparemment prêt à tout pour cacher la pollution engendrée par ses activités…
L
e Montana, État septentrional des États-Unis d'Amérique, est surnommé « Treasure State ». Est-ce pour ses paysages à couper le souffle, ses glaciers ou bien ses nombreuses Réserves indiennes ? Les sols et leur abondance sont sans doute responsables de cette appellation. Les Blancs ont dépossédé les Indiens de ces terres riches en or, uranium et autres matières naturelles pourvoyeuses de dollars. Depuis quelques temps, quatre morts, brutales et dissemblables, inquiètent plus les associations de défenses des droits de l'Homme que les autorités locales. Pourtant, des similitudes apparaissent : tous les quatre étaient Indiens et travaillaient à la mine. Steve Ryan et Angela Freeman de l'Anti-Klan Network ont été appelés à la rescousse en tant que spécialistes des crimes racistes.
Ces deux privés, désormais en couple et futurs parents, vont tenter d'élucider le mystère de ces morts et découvrir un État bien loin des clichés. De sauvage, il n'y a pas que les forêts et les bêtes, quelques groupuscules plus ou moins indépendants du Klan sont très actifs dans cette partie des USA où la population est la plus « blanche ». Difficile alors pour nos deux détectives de se faire un chemin parmi les « combattants de la race » et de vieilles connaissances hostiles. Et si les milices, pour une fois, n'étaient pas le cœur du problème ?
Ce huitième opus d'Amerikkka ne diffère pas beaucoup des précédents. L'immersion dans le récit est parfois complexe et le thème, enrichit par la profonde connaissance qu'en a Roger Martin attirent d'avantage le lecteur que le scénario en lui-même. Ce qui pouvait être des maladresses dans les albums antérieurs est devenu un style. Les dialogues, loin d'être toujours percutants, s'emmêlent parfois et le découpage très serré fait passer l'action d'une séquence à une autre en quelques cases. Tel un récit initial beaucoup plus long qui aurait été réduit à quarante-huit pages. Le savoir de Martin et la justesse de ses propos le sauvent encore une fois d'une narration confuse. Pourtant, Les milices du Montana explore des pistes nouvelles, une teneur plus innovante qui ne gâche rien.
La série Amerikkka s'enrichit d'un gros travail évolutif de Nicolas Otéro. La narration, la mise en pages, les couleurs, tout a fait l'objet de progrès impressionnants. Aujourd'hui, il délègue la colorisation à Sophie David – défi qu'elle relève brillamment –, pour se consacrer aux dessins et perfectionner encore son trait. Son style s'affirme et même si quelques lourdeurs subsistent, Nicolas Otéro semble arriver à maturité de son art. Il s'accorde avec son thème et ne paraît pas trop souffrir d'une mise en scène parfois un peu chaotique.
Les milices du Montana n'est pas l'opus qu'il faut lire en premier pour découvrir la série, malgré les nombreux progrès que l'album apporte par rapport aux précédents. Amerikkka est présentée comme une suite d'épisodes indépendants, seulement la lecture en est parfois trop difficile pour ne pas avoir besoin des travaux antérieurs. Les forces et faiblesses sont toujours là et l'originalité dont l'histoire fait preuve marque peut-être un virage dans cette série grandement appréciable.