Résumé: Après deux meurtres aux allures de rituels satanistes, l'inspectrice Kim Tyler patauge dans l'hémoglobine. Et sa confrontation avec Baron Yeval, le fondateur de « l'Église de Satan », ne cesse de se compliquer, car cet escroc manipulateur joue au chat et à la souris avec la jeune détective. Dotée d'un nouvel équipier depuis que son partenaire Ulysses Ford est à l'hôpital, Kim va voir son enquête s'accélérer lorsqu'un marginal venu de nulle part se livre aux autorités et prétend être l'assassin. Mais la vérité se cache peut-être derrière ce coupable un peu trop commode... Une vérité que Kim, toujours à la recherche d'explications sur le suicide de son père, redoute encore de découvrir...
La conclusion du polar sixties choc et pop signé Hervé Bourhis et Lucas Varela, une plongée étourdissante dans un San Francisco hippie et sulfureux !
É
té 1967, Kimberley Tyler, nouvelle enquêtrice à San Francisco, se penche sur une série de meurtres en apparence liés à des rituels démoniaques. Les regards se tournent rapidement vers Baron Yeval, fondateur d’une église sataniste. Ce dernier, très intelligent, se lance dans un duel verbal avec la policière. Bien qu’innocenté, il semble détenir de nombreuses clés.
La conclusion du diptyque Black House est satisfaisante, mais sans plus. Le scénariste multiplie les fausses pistes, avant de tirer un lapin de son chapeau. Ne disposant pas de l’information utile, le lecteur n’a aucune chance de découvrir le coupable.
Cela dit, l’intérêt d’American Parano repose avant tout sur une héroïne attachante, mélange d’Adèle Blanc-Sec et de Jérôme Bloche. Le personnage amalgame naïveté et sagacité, avec en toile de fond un lourd passé, dont les bribes sont livrées avec parcimonie. Au final, c’est cette quête qui s’annonce la plus passionnante.
L’autre personnalité forte demeure le charismatique gourou. Tout porte à croire que la jeune flic devra pactiser avec lui si elle veut démêler l’histoire de son père récemment décédé.
Intéressante astuce, les interventions de l’animateur d’une station de radio parcourent le récit. Sans l’éclairer, elles le ponctuent en suggérant des pièces musicales, en citant des versets de la Bible ou, tout simplement, en commentant l’actualité.
Lucas Varela propose un dessin naïf et caricatural. Le regard fixe des acteurs surprend, mais une fois cette convention assimilée, ça va. Les décors sont pour leur part limités ; l’artiste se contentant de situer l’action en présentant une poignée d’éléments caractéristiques des années 1960. La colorisation s’appuie quant à elle sur des dégradés de bleu et de rouge, ces pastels contrastent avec la vision populaire d’une époque hippie où tous les excès chromatiques étaient permis.
Une chronique policière de facture classique, mais agréable.
Les avis
Blue boy
Le 06/11/2024 à 13:28:58
Même si c’est un peu à contrecœur, je dois l’admettre, la seconde partie de ce diptyque est une déception. La fin du premier volet m’avait pourtant laissé dans de bonnes dispositions, mais celles-ci se sont quelque peu effilochées à la lecture.
Tout d’abord, on ne reviendra pas sur la qualité du dessin, et c’est assurément le point fort d’« American Parano ». L’atmosphère du San Francisco des sixties est toujours aussi plaisante, et on continue à prendre plaisir à admirer le trait moderne et stylisé de Lucas Varela, agrémenté d’une bichromie à dominante rouge terracotta et bleu horizon. Alors forcément, on se demande pourquoi ça n’a pas aussi bien fonctionné qu’avec « Le Labo », la précédente collaboration des auteurs, réjouissante comédie vintage sur la genèse des ordinateurs individuels.
Car en effet, l’ouvrage pêche davantage par son scénario. Celui-ci s’essouffle assez vite, à l’image de l’enquête de Kimberly Tyler qui piétine… L’intrigue a tendance à partir un peu dans tous les sens, avec moult détails qui, s’ils tentent probablement de restituer une certaine réalité de l’époque, ne paraissent a première vue ni vraiment indispensables ni significatifs. Au fil des pages, les personnages ont l’air de se comporter de manière automatique, y compris Kimberly qui apparaît de moins en moins concernée par son affaire et qui pourtant s’était montrée potentiellement attachante dans le premier épisode, du fait de sa personnalité bien campée. Alors certes, cette froideur peut être en partie due à la ligne claire, qui, si séduisante soit-elle, demeure un peu lisse.
On évitera d’enfoncer le clou avec ce dénouement qui sombre assez platement dans le grand-guignol, et cette révélation finale, un brin incongrue, sur le passé du père de la jeune enquêtrice, qui, on l’imagine, aurait dû nous arracher une larme. L’impression qui domine est que Bourhis semble avoir lâché en cours de route son axe narratif. Malgré un certain potentiel, il survole le sujet et retombe assez vite dans le clichetonneux et le superficiel. Mes attentes concernant ce deuxième chapitre était-elle trop forte pour ma part ? Par tous les diables, c’est loin d’être impossible !
minot
Le 19/09/2024 à 13:43:53
Fin de l'histoire commencée dans le volume précédent. Un album plaisant à lire, notamment grâce au dessin qui possède une vraie originalité, dans un style "pop art" appréciable, bien adapté à l'ambiance des sixties dans laquelle baigne cette aventure. Le scénario, en revanche, est beaucoup plus convenu et ne révolutionnera pas le genre. Sympa à lire, cependant.