Résumé: Le chef-d'œuvre de Michel Durand<br /> Rongé jusquà la cécité par la vérole, le commandant Masquelier dirige toujours son navire baleinier Le Belespoir. Et cest toujours avec despotisme quil mène son équipage à la poursuite de sa lubie perverse : le spermaceti, cette matière précieuse extraite des dépouilles de cachalots qui lui permet de conserver sa virilité. Ses hommes peuvent-ils continuer à suivre aveuglément ce dément à lagonie ? Tandis que labbé de bord, Levasseur, tente darracher la jeune Jocelyn à linfluence néfaste qui règne à bord, cest lhystérie collective qui se dessine...Chaque image est une expérience intense. Entre mers démontées et scènes déquarrissage, Michel Durand délivre une vision psychotique et iconoclaste de ces abattoirs marins du XIXe siècle. Voici la deuxième et dernière partie dune plongée dans le quotidien infernal de ces forçats au service de la révolution industrielle...Le premier tome a reçu le Prix Découverte au festival de la BD d'Ajaccio 2013.
À
l’heure où les mises en couleurs s’aseptisent, il fallait oser jeter à la face du lecteur des teintes si criardes, si peu conventionnelles. Et à l’heure où les adaptations littéraires foisonnent, il fallait oser aborder Moby Dick par la bande, sans avoir l’air d’y toucher.
Le résultat est d’une force rare, alliant à la beauté du texte un emportement, une fougue dignes des plus grandes épopées. La séparation du récit en deux parties permet une théâtralité de bon aloi, avec un coup de tonnerre qui sert de pivot, tandis que la fin constitue un baisser de rideau qui ponctue à merveille une histoire où la violence se sera déchaînée. Cette violence, elle transparaît évidemment dans le personnage de Pierre Masquelier, tyran des mers qui cache derrière sa folie furieuse un secret dévorant. Elle se glisse aussi dans les autres membres de l’équipage que la promiscuité et la chasse effrénée à la baleine finissent par rendre plus ou moins déments, chacun prenant part à cette effroyable pantomime qu’est devenu un voyage sans retour.
Le format prend aussi tout son sens. Si le dessin va à l’essentiel et que la colorisation se résume à de grands aplats, l’ensemble, par sa taille, est à la (dé)mesure d’une trame qui, depuis le début, n’a cessé de se précipiter – en dépit de salutaires respirations – vers une fin en tourbillon. Au final, l’expérience aura été éprouvante pour les personnages d’une histoire hors normes, mais aussi pour un lectorat certainement peu habitué à de telles radicalités dans une production qui, malgré tout, continue à s’adresser au grand public. Une prouesse.