Résumé: Un récit puissant sur le massacre des géants des mers Il y a le drame noué entre trois personnages sur un navire baleinier en 1840 : un capitaine, un curé et une jeune femme. Il y a la productivité, le capitalisme et la soif de puissance. Mais il y a surtout les effets de ce productivisme : la baleine mise en morceaux, bientôt réduite en autant de barils d'huile Jamais on naura vu d'aussi près les immenses abats de l'animal, jamais il ne nous aura été donné d'assister en privé au découpage systématique d'un dieu marin anéanti Inspiré par le grand romantisme américain (Moby Dick dHerman Melville en tête), Michel Durand livre ici son chef-duvre, mêlant fascination et répulsion pour cette période de chasse à la baleine effrénée.
«
On me disait homme de foi. J’en portais la robe et les oripeaux. Mais comment, devant l’ignominieux et l’insane, la foi peut-elle survivre ? » Par ces mots, l’abbé Grégoire Levasseur résume sa situation : embarqué sur le Belespoir, il se désespère des agissements de son commandant, Pierre Masquelier. Il faut dire que celui-ci n’y va pas de main morte quand il s’agit d’augmenter les cadences de la chasse à la baleine ou de châtier les déserteurs. Terrible, le supplice de la bougie fait froid dans le dos.
À bord, l’équipage trime, sue sang et eau. La découpe des cétacés est un dur labeur, peu ragoûtant lorsqu’il s’agit pour les marins de plonger dans les tripes de ces titans, de les dépecer et d’en récupérer l’huile tant convoitée. « À notre retour, le navire devra ressembler au grand cachalot, le ventre bourré d’ambre gris, la proue brillante de spermacéti ! », s’emballe le maître dans un élan de démence. Denrées rares, précieuses, les fruits de la pêche deviennent obsession aux yeux de Masquelier, dont les ardeurs à trousser la belle Jocelyn ont besoin, souvent, d’être stimulées. Que peut un prêtre face à tant de force brute ? Petit à petit, les personnages livrent leurs secrets. Inavouables parfois, ils témoignent de blessures du corps et de fêlures de l’âme. De là à pardonner les excès ? Devant Dieu, chacun se tient droit et répond de ses actes.
L’horizon est bien terne pour ces forçats des mers. Est-ce pour cela que Michel Durand use d’un trait à peine esquissé, fuyant en quelque sorte une trop dure réalité ? En tout cas, un dessin réaliste aurait sûrement rendu bon nombre de visions insoutenables, tandis que l’auteur se permet ici de traiter l’horreur sur le ton de l’outrance. Les couleurs d’Alexandre Boucq procèdent du même principe. Dès la couverture, il opère des choix radicaux. Ciel vert, mer brune… de toute évidence, l’académisme n’a pas droit de cité. C’est un défi qui est lancé aux sens, aux perceptions. Comme une invitation à faire le grand saut...
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Les avis
Erik67
Le 14/12/2020 à 10:33:33
Je n'ai pas aimé cette oeuvre inspirée par le roman Moby Dick et la fameuse chasse à la baleine. Nous avons un capitaine qui est vraiment la caricature du parfait méchant homme. C'est trop poussif pour être crédible. Il faut croire que tous les capitaines de navire sont givrés ces derniers temps. L'équipage se laisse faire. Seul un abbé semble faire un contre-poids mais c'est faible dans l'intensité.
Je n'ai pas aimé le graphisme ainsi que le dessin que j'ai trouvé trop brouillon et imparfait. La couverture donne d'ailleurs un aperçu. La saturation des cases m'a rebuté.
Bref, je ne suis pas parvenu à entrer dans l'histoire. Le désintérêt pointe vite le bout de son nez. On oubliera et on se plongera dans d'autres séries sur le même thème plus réussies comme Esteban (Le Voyage d'Esteban) ou encore Achab.