Résumé: De retour de conquêtes, accompagné par 5000 légionnaires et 300 mercenaires gaulois et germains ralliés à lui, Jules césar est contraint de faire une longue halte dans un vallon enneigé des Alpes. En effet, il sait qu’à Rome, Pompée a verrouillé le pouvoir. Les sénateurs ont voté une motion qui l’empêche de recouvrer son mandat consulaire. Son retour précipité et dénué de quelques précautions signifierait se mettre à la merci des tueurs de Pompée. Aussi préfère-t-il manœuvrer à distance en envoyant des émissaires habiles à retourner les situations, et en qui il a toute confiance. En tête, il missionne évidemment Alix Graccus ! Ce dernier ignore qu’à peine a t-il quitté le camp de César, que des traitres manœuvrent pour envoyer son jeune ami Enak dans une mission similaire, mais piégée. En trois semaines, le blond gaulois rejoint la capitale, en compagnie de deux légionnaires. Il arrive en pleine atmosphère festive : les saturnales viennent de débuter. Durant cette période, même les mendiants sont conviés à la table et aux bacchanales des maîtres. C’est dans cette ambiance qu’Alix se présente à la villa de Cicéron, porteur d’un message de César. Il y fait la connaissance de la ravissante fille du sénateur, Tullia, qui tombe aussitôt sous son charme...
E
n 49 av. J.C., Jules César et Pompée s’affrontent. L’un est proconsul de Gaule ; l’autre consul de Rome. Le premier, novateur, tient à garder, même à distance, une influence sur la vie politique de la capitale. L’autre, avec des perspectives plus conservatrices, lui fait barrage. Avant d’être une guerre civile, c’est un conflit d’influences et d’alliances. Ces manœuvres sont coûteuses et incitent les belligérants à prendre des risques et à outrepasser la légalité. C’est ainsi qu’Alix, au service de César, est envoyé sur les rives du Tibre pour obtenir le ralliement de l’influent Cicéron. Mais Pompée a convaincu certains proches de son adversaire de lancer une opération qui pourrait déterminer le dénouement de la rivalité.
Pierre Valmour, scénariste de deux volumes de Loïs, autre série initiée par Jacques Martin, et Marco Venanzi, dessinateur ici de son troisième Alix, ne poursuivent pas Par-delà le Styx, qui laissait le jeune gaulois en Afrique du nord. Ils investissent un épisode célèbre de la vie de Jules César et toutes les perfidies, connues ou imaginées, suscitées par la situation. L’Or de Saturne offre ainsi son lot de trahisons, de mensonges et de jalousie. Le peuple Silicien, humilié, cherche sa vengeance. Le trésor de Rome va être dérobé lors des Saturnales. Un mariage arrangé trouvera une issue favorable. Tous les ressorts de la bande dessinée d’aventure sont réunis.
L’album est respectueux des codes de la saga. Alix est le défenseur de valeurs immuables, au centre d’un environnement où traîtrises et fourberies sont courantes. On peut toutefois y déceler une légère touche érotique, jusqu’alors absente de l’œuvre : Tullia, promise à Petrius, a un comportement sans ambiguïté avec le jeune blond. De même, on remarque les représentations coquines aux murs de la villa maritime de Cicéron.
Le récit est rythmé et cohérent. Le découpage est, parfois, un peu bousculé et les dialogues lapidaires, des désagréments obligeant relecture et vérifications sur des nœuds complexes de l’intrigue. Le dessin est, quant à lui, plutôt sec et dépouillé. C’est un choix respectable, mais qui emmène loin du créateur du personnage, dont le style travaillé, détaillé et profond mêlait réalisme, atmosphère et poésie. Ici l’œil ne risque pas la saturation et c’est dommageable.
Le cahier des charges est respecté. Alix a son 35ème tome, fidèle à la tradition, peut-être trop. Il serait temps d’oser, de faire preuve d’audaces narratives et graphiques, sous peine de voir cette magnifique épopée s’éteindre sans que personne ne s’en aperçoive. Alix Senator a montré que des alternatives sont possibles. La créativité est le meilleur garant de la longévité.
Les avis
arnaze
Le 29/11/2016 à 09:15:30
Que la série ait deux dessinateurs ne me dérange pas, pour autant qu'il y ait un minimum de cohérence graphique, ce qui est plus ou moins le cas, même si on reconnaît directement le style de chacun.
Le problème de cette série est le nombre incalculable de scénaristes qui se succèdent, la plupart totalement inconnus (question de rentabilité je suppose) et là, on perd toute cohérence entre les albums, chacun faisant SON Alix. Cela s'apparente davantage à un spin-off du genre XIII Mystery qu'à une série-mère. Et vu que chacun de ses scénaristes ne fera qu'un album, on a 0 prise de risque, ce qui donne des scénarios totalement prévisibles et sans aucun relief ni surprise.
De plus, le rôle des femmes, qui était un thème cher à Martin, a complétement été abandonné depuis les reprises, à de rares exceptions (peu notables) près.
Pourquoi Alix Senator, série-dérivée, bénéficie-t-elle de cette cohérence dessinateur-scénariste (Mangin-Démarrez) alors que la série-mère en est privée ?
marcomaltese
Le 21/11/2016 à 14:55:24
J'ai beaucoup aimé le récit qui m'a rappelé la Grande Epoque Jacques Martin: scénario martinien archi-classique mais très prenant, histoire bien construite, personnage bien dans leur jus d'origine....
Le grand maitre a fait pire dans ses derniers albums et surtout ses successeurs étaient pour la plupart entré dans la pire médiocrité.
Depuis peu on note un redressement et une belle amélioration des scénarios, cet album en étant le meilleur exemple.
Côté dessin Venanzi a plus tenté de se rapprocher du dessin de J.Martin que dans "le Testament de César".
C'est assez maladroit et "grimaçant" au début (regardez les bouches !) mais ça s'améliore bien au fil de l'album et le travail est plus que louable.
Je mets 5/5 malgré ces petits bémols afin d'encourager les auteurs à faire aussi bien les prochaines fois...que j'espère nombreuses, le tandem étant prometteur !
kurdy1207
Le 01/11/2016 à 21:55:42
Plutôt une bonne surprise que cette nouvelle aventure d’Alix. Cette fois ci, nous avons droit au retour de Garofula l’un des protagonistes des légions perdues. Les dessins sont de qualité, même si je préfère ceux de Marc Jailloux, et les auteurs nous ont concocté une histoire assez captivante. Après, revenir au niveau de ce qui a été fait il a très longtemps… Je reste persuadé que le 46 pages ne convient pas à une histoire d’Alix car cela nuit à l’action en empêchant son développement. Mais, avec ce carcan, les auteurs se sont bien débrouillés.
GimpUser
Le 01/11/2016 à 19:08:14
Je m'étais juré de ne plus acheter d'albums d'Alix (sauf Alix senator) depuis "l'ombre de Sérapis". Mais, comme dit le proverbe : Cochon qui s'en dédit ...
J'ai brièvement feuilleté ce 35ème tome chez un libraire. Il m'a semblé meilleur que les tomes précédents. J'ai acheté.
Ai-je bien fait, ai-je eu tort ? Je n'arrive pas à trancher. Je ne l'ai pas lu d'une seule traite, c'est sans doute la raison de mon interrogation.
Le scénario est plus consistant que ce à quoi on nous habituait depuis quelque temps, c'est indéniable mais les invraisemblances sont légions (sans jeu de mots).
Mais ce que je reproche le plus, c'est l'indigence des dialogues avec la palme à la réplique sur la dernière case de la page 34.
Tous les latinistes qui ont traduit Cicéron (les catilinaires) et même les autres connaissent sa célèbre phrase : Quousque tandem abutere, Catilina, patientia nostra (jusqu'à quand, Catilina, abuseras-tu de notre patience). Eh bien que dit Alix, dans cette case, quand il s'adresse à Cicéron ? Jusque quand, Cicéron, abuseras-tu de sa patience ? Véridique !
Sans doute dans le prochain tome,Alix s'adressera-t-il à César dans ces termes : Tu es venu, tu as vu, tu as vaincu !
Messieurs les scénaristes, de grâce, faites preuve d'un peu plus d'imagination !
Quant au dessin, rien de particulier à signaler sauf une (modeste) suggestion de ma part aux dessinateurs qui se succèdent aux commandes d'Alix : Repassez-vous en vidéo cette excellente série qu'était "Rome".
Si vous pouviez faire évoluer les personnages dans les décors de la série plutôt que dans vos décors aseptisés, la série y gagnerait car le port d'Ostie (page 29), la villa de Cicéron (page41) manquent cruellement de réalisme.